Nouveau gouvernement : PS, LR, RN, coalition présidentielle, qui est prêt à rejoindre Michel Barnier ?

Michel Barnier a la lourde tâche de proposer un gouvernement à Emmanuel Macron, en tenant compte de la composition de l'Assemblée, pour éviter notamment une censure.

Michel Barnier, ici avec la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, doit maintenant composer son gouvernement (Photo by Thomas SAMSON / AFP)
Michel Barnier, ici avec la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, doit maintenant composer son gouvernement (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

Après l'interminable attente de 51 jours pour avoir le nom du nouveau Premier ministre, place à un autre suspens : qui composera le futur gouvernement de Michel Barnier ? La tâche s'annonce ardue pour le locataire de Matignon, qui doit à la fois prendre en compte les équilibres politiques de l'Assemblée nationale pour éviter une censure rapide, tout en faisant face au refus de plusieurs personnalités voire de plusieurs partis politiques d'entrer au gouvernement.

Aucun délai n'existe pour que le président nomme un gouvernement sur proposition du Premier ministre, mais l'horizon du 1er octobre, date de la reprise des travaux à l'Assemblée, semble fixer une limite pour que le gouvernement soit composé d'ici là et soit prêt à défendre sa ligne politique. Sauf si une session extraordinaire est convoquée d'ici-là.

"Ce ne sera pas seulement un gouvernement de droite comme je l'entends dire ici ou là", a assuré Michel Barnier sur TF1 vendredi, précisant qu'il y aura "des gens de (s)a famille politique", avant d'ouvrir aux "hommes et femmes de bonne volonté qui appartiennent à la majorité sortante et au-delà", y compris "des gens de gauche".

Sauf que la main tendue "à gauche" a été catégoriquement refusée quelques heures plus tôt, par le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. "Je pense qu'aucune personnalité du PS" n'entrera dans le gouvernement de Michel Barnier, expliquait-il sur France Inter.

Porte également fermée du côté de LFI, des Écologistes, tandis que les communistes ont annoncé, comme les autres composantes du NFP qu'ils censureraient le gouvernement Barnier. "Quelqu’un qui se dit de gauche et qui va au gouvernement de monsieur Barnier, c’est qu’il n’est pas de gauche", a tranché sur BFMTV la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier.

Les socialistes opposés à la ligne d'Olivier Faure, comme la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen qui doit lancer son mouvement en octobre prochain, ou encore Nicolas Mayer-Rossignol, édile de Rouen, ont également rejeté l'idée.

Du côté de l'entourage de Michel Barnier, on affirme lundi à France Télévisions que le Premier ministre "va prochainement recevoir des personnalités de gauche. Il en d'ailleurs déjà eu au téléphone". Reste à savoir quelles peuvent être ces "personnalités de gauche" qui peuvent entrer au gouvernement.

À l'extrême droite, plusieurs membres du Rassemblement national ont exclu une entrée des membres du parti de Jordan Bardella au gouvernement, et mettent en garde le Premier ministre contre une censure, selon la politique qui sera conduite.

En revanche, du côté de la famille politique de Michel Barnier, la droite, on est prêt à le suivre à condition que les priorités affirmées par Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Gérard Larcher lors de leur entretient avec le Premier ministre soient dans la ligne politique du futur gouvernement.

Le gouvernement pourrait donc fortement se composer de personnalités issus de LR. Parmi les noms qui circulent, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand ou encore Philippe Juvin.

D'anciens membres des Républicains, transfuges en Macronie, pourraient également venir compléter le casting et faire le lien entre l'ancien gouvernement et l'actuel. Parmi eux, le nom de Catherine Vautrin, Ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités et ancienne députée LR, pourrait rester en poste, tout comme Rachida Dati et Gérald Darmanin rapporte Le Huff.

Mais au sein de la coalition présidentielle, on part divisé sur une éventuelle participation au gouvernement, avec d'emblée des refus. Chez Horizons, le parti d'Édouard Philippe, Christian Estrosi a d'emblée fermé la porte à un poste de ministre, expliquant sur BFMTV préférer se concentrer sur sa ville de Nice.

Pour autant, il a indiqué qu'Horizons partageait "totalement la sensibilité" de Michel Barnier, et il n'y a donc "aucune raison" pour que des membres du parti d'Édouard Philippe ne soient "pas prêts à l'accompagner" au sein du futur gouvernement.

Au Modem, le parti semble divisé sur la posture à adopter. Le député Erwan Balanant, "en colère" à l'annonce de la nomination de Michel Barnier estime que le président a manqué de courage en ne nommant pas Bernard Cazeneuve et estime auprès de Mediapart que "la décision de participer ou non au gouvernement est prématurée pour l’instant". Son collègue Richard Ramos a fustigé "un mauvais choix" et balayé l'éventualité d'une participation au nouveau gouvernement, "car il ne correspond pas à ce qu'ont voulu les Français et c'est irrespectueux de l'arc républicain", explique-t-il à France Info.

Deux positions contraires à celle du patron du Modem, François Bayrou, qui a affirmé son soutien dimanche au Grand Jury : "Je soutiendrai Barnier, je ferai tout ce que je peux pour que ça marche", ajoutant que des ministres MoDem seraient "une évidence".

Au sein du parti crée par Emmanuel Macron, la tentation existe, mais les troupes sont divisées. Devant ses troupes, le nouveau chef de file des députés EPR à l'Assemblée Gabriel Attal a évoqué une "possible participation" avec pour "boussole" les mesures présentées au début de l’été par son camp.

Mais tout le monde n'est pas partant. Certains ministres démissionnaires écartent tout nouveau poste dans la future équipe gouvernementale. Agnès Pannier-Runacher, qui se considère "de gauche", estime "qu'un changement de cap politique, c'est un changement d'incarnation", et affirme qu'il ne faut pas reprendre de membres du gouvernement sortant. Elle-même a fermé la porte à une entrée au gouvernement, préférant axer son énergie à son mandat de députée du Pas-de-Calais.

Du côté de "l'aile gauche" d'Ensemble pour la République, on est pas du tout partant pour participer au gouvernement Barnier, à en juger par la réaction de la députée apparentée Stella Dupont : "expérimenté, Barnier l’est, et très droitier aussi. Quelle prise en compte des préoccupations écologiques, sociales, démocratiques ?", s’interroge-t-elle.

En revanche, d'autres comme Karl Olive sont prêts à entrer au gouvernement Barnier. "Si jamais le nouveau Premier ministre m'appelait, évidemment, je participerais à ce gouvernement", a-t-il martelé le député Renaissance sur France Info puis TF1 ces derniers jours.