Nouveau gouvernement : Nicolas Mayer-Rossignol veut « sortir de Jupiter, éviter Robespierre et faire confiance aux parlementaires » - INTERVIEW

Nicolas Mayer-Rossignol se réjouit de la position adoptée par le PS depuis la chute de Michel Barnier.
CHARLY TRIBALLEAU / AFP Nicolas Mayer-Rossignol se réjouit de la position adoptée par le PS depuis la chute de Michel Barnier.

POLITIQUE - C’est assez rare pour être souligné : les socialistes sont d’accord. Habitués aux foires d’empoigne et aux règlements de compte internes, ils font cette fois bloc derrière la volonté d’Olivier Faure de tendre la main à d’autres forces politiques en vue de trouver un accord de non-censure.

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Petit à petit, l’idée a fait son chemin. Cet été, le PS réclamait coûte que coûte la nomination de Lucie Castets à Matignon, comme les trois autres forces du Nouveau Front populaire. Mais depuis la chute du gouvernement de Michel Barnier, de nombreux opposants au Premier secrétaire reconnaissent que sa position a changé. Le maire de Rouen et numéro 2 du Parti socialiste Nicolas Mayer-Rossignol salue cette évolution. Entretien.

Le HuffPost. Approuvez-vous la démarche entreprise par Olivier Faure de dialoguer avec le Président ?

Nicolas Mayer-Rossignol : Bien sûr. La ligne que je porte est une ligne de responsabilité. On peut dialoguer sans se compromettre. Nous sommes républicains : le Président vous propose de le rencontrer, sauf cas très particulier, il faut y aller. Dialoguer ne veut pas dire être naïfs. On a un message à porter : faire en sorte que le pays s’apaise, se redresse, se transforme et que le résultat des urnes soit respecté. La position du Parti socialiste a bougé depuis cet été et elle est conforme à ce que j’ai toujours demandé : on ne dit plus « Notre candidate, rien que notre candidate » ou « Notre programme, rien que notre programme ». On a besoin d’un Parti socialiste qui sait s’affirmer par lui-même, qui n’est soumis à personne.

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La solution doit-elle être selon vous une coalition gouvernementale ou un simple accord de non-censure ?

Il nous faut un Premier ministre de gauche ouvert aux compromis. On propose que ce Premier ministre s’engage à ne pas recourir au 49-3 en échange d’une non-censure. C’est considérable. Le Parti socialiste est le parti qui a l’attitude la plus responsable. Nous proposons des choses constructives en refusant tout sectarisme, tout ostracisme. On sort de Jupiter, on s’évite Robespierre, et on fait confiance aux parlementaires.

Faut-il nouer des compromis sur tous les sujets, y compris des totems de gauche comme la réforme des retraites ?

On ne peut pas faire de la réforme des retraites un sujet tabou, sur lequel il est impossible de revenir : ce serait une position entendable si le Président avait gagné les élections législatives, mais il ne les a pas gagnées, il les a perdues considérablement. Il faut mettre le sujet des retraites sur la table.

Jean-Luc Mélenchon se vautre dans les outrances

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Pour le reste, prenons les sujets les plus importants un par un : par exemple sur la question des déserts médicaux, un travail transpartisan a fait des propositions autour du député Guillaume Garot. C’est un sujet absolument majeur. Reprenons ces préconisations. Sur la proportionnelle, un consensus assez large se dégage aujourd’hui.

À gauche, La France insoumise vous accuse de trahir les électeurs du NFP et de vous compromettre dans des négociations avec la droite. Que leur répondez-vous ?

On a clairement dit qu’on n’irait pas dans un gouvernement dirigé par la droite. Les procès de Jean-Luc Mélenchon, ça m’est égal. Cet homme, c’est du passé. Il a été trois fois candidat à la présidentielle, il a perdu trois fois. Il se vautre dans les outrances et s’est lui-même exclu du NFP. Le NFP s’est construit sur une charte qui refusait la brutalisation du débat public. Il fait exactement le contraire. Aujourd’hui, c’est le seul qui refuse le dialogue républicain. Mais je n’exclus personne a priori. Plein d’électeurs LFI, et même certains cadres, ne sont pas d’accord avec la méthode Mélenchon. Dans une situation aussi instable, on attend d’un parti comme le Parti socialiste qu’il fasse preuve de hauteur de vue.

Serez-vous de nouveau candidat au prochain congrès pour prendre la suite d’Olivier Faure ?

Oui, je le souhaite et je l’envisage. Nous avons besoin de renouveau et d’affirmation. Mais ce n’est évidemment pas le sujet du moment et cela relèvera d’un choix collectif.

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