Nouveau gouvernement de Michel Barnier : à peine nommé et déjà en sursis
De l'extrême droite à l'extrême gauche, la plupart des leaders de l'opposition parlementaire ont critiqué la composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier, équilibre subtile entre macronistes et Républicains.
Soixante-douze jours après le second tour des élections législatives anticipées, la France dispose enfin d'un nouveau gouvernement. Samedi soir, la liste des 39 ministres de Michel Barnier a été dévoilée. Un gouvernement teinté à droite reposant sur de subtils équilibres entre le camp présidentiel d'Emmanuel Macron (19 ministres) et les Républicains (10), avec peu de poids-lourds politiques.
Le casting
Première certitude : les macronistes se taillent la part du lion en conservent des postes-clés : outre Sebastien Lecornu, maintenu à son poste au ministère des Armées et Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique), le clan Macron conserve notamment le ministère des l'Economie et des Finances (Antoine Armand), celui des Affaires étrangères et de l'Europe (Jean-Noël Barrot) et l'Education (Anne Genetet).
Côté Républicains, outre Michel Barnier à Matignon, ils décrochent notamment l'Intérieur, confié au sénateur très conservateur Bruno Retailleau, un des rares poids lourds de ce gouvernement. Mais c'est là leur seul ministère régalien. LR se voit cependant confier l'Agriculture (Annie Genevard) ou encore les Outre-mer (François-Noël Buffet).
Le Nouveau Front populaire refusant clairement de participer à ce gouvernement, Michel Barnier n'a pu rallier qu'un responsable issu de la gauche, l'ancien député socialiste Didier Migaud, nommé ministre de la Justice. Il a quitté le PS en 2010.
Un gouvernement sous forte pression
En attendant le discours de politique générale que fera Michel Barnier devant le Parlement, d'innombrables dossiers attendent déjà des arbitrages, à commencer par le budget de la France pour 2025. Les délais sont courts et la pression maximale : tant à l'Assemblée nationale où le gouvernement ne dispose pas de majorité absolue qu'à Bruxelles qui a placé la France sous procédure de déficit excessif. Sans oublier les marchés financiers qui pourraient sanctionner le pays pour le dérapage de ses finances publiques et de sa dette astronomique.
La censure à l'horizon ?
Sitôt connue la liste des ministres français, l'opposition parlementaire n'a pas tardé à fustiger ce nouveau gouvernement lui promettant une courte vie.
Les regards sont surtout tournés vers l'extrême droite qui disposera un droit de vie ou de mort sur le gouvernement. Samedi, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella a été on ne peut plus critique dénonçant "le retour du macronisme" et déclarant que l'équipe de Michel barnier "n'a aucun avenir".
A gauche, enfin, c'est la bronca. Des socialistes à La France Insoumise, chacun dénonce un déni de démocratie et fustigent "un gouvernement de zombies" après la défaite du camp présidentiel aux législatives. Jean-Luc Mélenchon a ainsi appelé "à se débarrasser aussitôt que possible" du gouvernement.
Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres n'auront lieu que lundi, avec les passations de pouvoir dans la matinée et un Conseil des ministres à 15 heures à l'Elysée autour du président de la République.