Nouveau gouvernement: gauche, droite, extrême droite… qui pour y participer ?

La situation politique reste incertaine. Après la nomination la semaine dernière de Michel Barnier au poste de Premier ministre, ce dernier est désormais chargé de former un gouvernement. Mais avec qui?

Face à une Assemblée nationale où aucun groupe ne représente la majorité absolue des députés, l'enjeu est de former un gouvernement qui ne sera pas renversé. Celui-ci devra donc probablement intégrer des personnalités issues de forces différentes.

• LR "pourra participer au gouvernement"

Un signal positif est venu ce lundi 9 septembre du président LR du Sénat Gérard Larcher qui a ouvert largement la porte d'une participation du parti de droite à l'équipe Barnier. "Le Premier ministre me semble avoir fait siennes nos propositions et je crois que nous pourrons participer au gouvernement", a-t-il affirmé au Figaro.

Même si le nouveau Premier ministre émane des rangs des Républicains (LR), le parti avait posé ses exigences. Fraîchement désigné chef des 47 députés de La Droite républicaine (LDR) -derrière le RN, Ensemble pour la République, LFI et les socialistes- Laurent Wauquiez a en effet longtemps défendu une position de soutien sans participation.

"On veut sortir la France du blocage et on a dit qu'on assumerait nos responsabilités", avait-il finalement concédé en fin de semaine dernière après un rendez-vous à Matignon. Mais sous conditions. "Revalorisation du travail", redressement des comptes publics, immigration et insécurité: les priorités du leader de la droite sont fidèles au "pacte législatif" mis sur pied par son groupe parlementaire pendant l'été.

• Dans le camp présidentiel, des positions divergentes

Chez la petite centaine de députés Renaissance, les voix dissonent, comme celle du ministre démissionnaire Roland Lescure, figure de l'aile gauche du parti. "Je serai vigilant à ce qu'on ne succombe pas à des emplettes issues du programme du RN", a-t-il prévenu dans un entretien à Libération, assurant qu'il n'accordera pas "automatiquement" sa confiance à Michel Barnier.

Lors des journées parlementaires de Renaissance, l'ex-Premier ministre devenu chef des députés du Ensemble pour la République, Gabriel Attal, a appelé à "chercher à bâtir des compromis" avec Michel Barnier.

"Notre devoir envers les Français et nos électeurs, c’est d’être dans une logique de construction et de refuser le blocage", a-t-il estimé. Avant de nuancer: "on a le droit de dire que notre soutien ne doit pas être tenu pour acquis. On n’est pas prêt à brader nos valeurs".

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur Gérald Darmanin a de son côté affirmé clairement son souhait de voir des membres du camp présidentiel au gouvernement: "on ne peut pas ne pas entrer au gouvernement", a-t-il dit.

• La gauche veut censurer le gouvernement

Les partis de gauche qui composent le Nouveau Front populaire ne devraient pas participer au gouvernement de Michel Barnier, puisqu'ils comptent déposer une motion de censure contre lui. Ils dénoncent le choix d'Emmanuel Macron de nommer cette personnalité issue de LR, parti arrivé en quatrième position aux législatives, alors que le NFP est arrivé en tête, mais sans obtenir de majorité absolue.

"Je pense qu'aucune personnalité du PS ne sera dans son gouvernement, je n'ai aucun doute là-dessus", a déclaré le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur France inter vendredi. Les socialistes ont d'ailleurs refusé de rencontrer Michel Barnier avant sa déclaration de politique générale, selon les informations de BFMTV.

• Le RN "surveille" Barnier

En nette progression au Palais Bourbon avec 126 députés, le Rassemblement national compte bien placer Michel Barnier "sous surveillance", comme l'a promis son président Jordan Bardella.

Un rôle d'arbitre qui s'annonce délicat à tenir pour les troupes de Marine Le Pen, déjà accusée par la gauche d'avoir validé le choix du Premier ministre, voire d'y avoir activement participé après avoir promis la censure devant les hypothèses Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand.

"Je ne suis pas DRH d'Emmanuel Macron", rétorque la triple candidate à l'Élysée, qui assure ne pas prévoir de censurer immédiatement Michel Barnier après son discours de politique générale. Mais "nous n'accordons pas de blanc-seing", a-t-elle martelé.

Invité de BFMTV, ce mardi 10 septembre, Éric Ciotti, fondateur de l'Union des droites pour la République, a pour sa part expliqué qu'il ne rejoindrait pas le gouvernement de Michel Barnier. Il a estimé qu'il n'aurait pas "les coudées franches pour diriger une politique qui restaurerait un ordre nécessaire dans la rue avec une baisse drastique de l'immigration".

"Moi ce que je pourrais soutenir c'est si demain on engageait une réforme de la constitution sur les questions migratoires, approuvée par un référendum par les Français", a-t-il ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com