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Israël et la Turquie normalisent leurs relations

Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé lundi qu'Ankara et Israël avaient conclu un accord de normalisation de leurs relations diplomatiques, qui sera signé mardi, au terme de six années de tensions. En vertu de cet accord, les deux pays vont échanger des ambassadeurs. /Photo prise le 14 juin 2016/REUTERS/Umit Bektas

par Ercan Gurses et Jeffrey Heller ANKARA/JERUSALEM (Reuters) - La Turquie et Israël ont annoncé lundi une normalisation de leurs relations et la signature mardi d'un accord en ce sens, après six années de tensions provoquées par l'incident de la flottille de la paix à destination de la bande de Gaza en mai 2010. Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, a indiqué que les deux pays allaient échanger des ambassadeurs dès que possible en vertu de ce rapprochement, qui prévoit le versement de 20 millions de dollars (18,15 millions d'euros) aux proches des victimes d'un bateau turc qui tentait d'apporter de l'aide dans l'enclave palestinienne. Dix militants turcs pro-palestiniens avaient été tués par des commandos israéliens dans l'assaut du "Mavi Marmara", navire amiral d'une flottille qui tentait de briser le blocus imposé par Israël. En vertu de l'accord, un premier navire transportant 10.000 tonnes d'aide humanitaire, destinée à la bande de Gaza, se rendra vendredi dans le port israélien d'Ashdod. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué toutefois que le blocus naval se poursuivrait malgré la normalisation des relations avec Ankara. Cet accord, a-t-il ajouté lundi à Rome, interdira toute activité "terroriste" contre Israël à partir du sol turc. "Notre intérêt suprême est notre sécurité. Je ne transigerai pas avec cela. Cet intérêt est essentiel pour empêcher que le Hamas constitue une force et cela restera comme ça", a dit Benjamin Netanyahu. Selon Binali Yildirim, le blocus de Gaza pour le marché de gros a été en grande partie levé dans le cadre de cet accord, permettant à la Turquie d'acheminer de l'aide humanitaire et des produits non militaires. Outre le chargement prévu vendredi, des mesures vont être mises en oeuvre immédiatement pour s'attaquer au problème de la fourniture d'eau et d'électricité dans l'enclave, a ajouté le chef du gouvernement turc. "Nos frères palestiniens à Gaza ont énormément souffert et avec cet accord nous leur donnons la possibilité de reprendre leur souffle", a ajouté Binali Yildirim devant la presse à Ankara. COOPÉRATION ÉNERGÉTIQUE Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'était entretenu dimanche soir avec son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, pour évoquer avec lui l'accord de normalisation des relations entre Israël et la Turquie. S'exprimant à l'issue d'une rencontre à Rome avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, Benjamin Netanyahu a déclaré que l'accord de normalisation marquait "une étape importante" et serait un plus pour l'économie israélienne. "Il aura d'énormes conséquences pour l'économie israélienne, et je pèse mes mots", a-t-il dit à la presse. Cette reprise des relations constitue la première étape vers une éventuelle coopération israélo-turque dans l'exploitation de réserves de gaz naturel évaluées à plusieurs centaines de milliards de dollars en Méditerranée orientale. L'Etat hébreu cherche des marchés d'exportation et envisage déjà l'option d'un gazoduc transitant par la Turquie à la fois pour servir le marché local et pour approvisionner l'Europe. "C'est une question stratégique pour l'Etat d'Israël. Cette question n'aurait pas pu progresser sans cet accord et maintenant nous allons la mettre en oeuvre", a ajouté le chef du gouvernement israélien parlant "d'immense fortune". Sur cette question, Binali Yildirim s'est montré prudent. "Commençons d'abord par la normalisation et ensuite le niveau de coopération sur des sujets à déterminer dépendra des efforts des deux pays", a dit le Premier ministre turc. "Il ne sert à rien de parler de ces détails maintenant". (Nicolas Delame, Eric Faye et Pierre Sérisier pour le service français)