Nordahl Lelandais, dans la tête du tueur

De ses années militaires, il a gardé un sens de la méthode implacable. Une image soigneusement dissimulée sous celle qu’il présentait à son entourage : un boute-en-train lourdingue, que les enfants appellent «tonton». Condamné à vingt ans de réclusion pour le meurtre du caporal Noyer, Lelandais a avoué avoir tué Maëlys, 8 ans et demi, «involontairement» et sans l’avoir violée. Notre enquête sur la personnalité trouble de Nordahl Lelandais

Dans sa cellule, Nordahl Lelandais tourne en rond. « Pas facile tous les jours, la prison, se plaint-il à Nathalie*, une amie. Les journées sont très longues. […] Toujours la même routine. Je me lève vers 7 heures, je vais prendre ma douche, après je prends mon café avec ma clope, je fais un peu de ménage et je regarde la télé. À midi, je mange quand c’est bon, parce qu’ici ce n’est pas toujours le cas, après je me refais un café et ensuite j’essaie de faire une sieste quand il n’y a pas trop de bruit. […] J’essaie de rester fort [rêvant] de ragga dancehall au bord de la mer, sur mon transat [avec] une piña colada. Un jour, peut-être ! »

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Dans ces écrits d’adolescent, de cette écriture ronde, l’homme de 38 ans reste distant, se cherche des excuses : « J’étais si bien avant, mais l’alcool et la drogue m’ont mené ici. […] Je ne comprends toujours pas ce qu’il s’est passé dans ma tête, je suis si calme et généreux. Je suis comme un vase cassé, j’essaie de recoller les morceaux, mais il y aura des fissures que l’on verra pour toujours. […] Les journalistes disent beaucoup de conneries sur moi. […] Un jour, ils diront que je suis à l’origine de la disparition des dinosaures… lol. »

L’homme berne tout le monde. Il a même osé demander à l’aumônier de la prison d’aller se recueillir sur la tombe de Maëlys. Requête accordée

Nordahl Lelandais pratique une forme d’art épistolaire. Ses quelques visiteurs, en dehors de sa mère, de son frère, de sa demi-sœur et de son neveu, le décrivent charismatique, sensible. Devant ses confidents, il s’épanche sur ses douleurs, se plaint du manque de liberté, évoque sa nostalgie pour les parties de pêche dans la rivière Guiers, les(...)


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