Noms des rues : «Depuis les années 60, la tendance est à la dépolitisation»

Panneau de rue, dans le Ve arrondissement de Paris, en 2012.

L’historien Jean-Claude Bouvier revient sur la logique ayant longtemps gouverné en France en matière d'attribution de patronymes à nos voiries.

Les places, rues, avenues et boulevards : un puissant enjeu symbolique depuis le règne d’Henri IV (1589-1610), lorsque les noms de voiries ne servent plus seulement à se repérer dans les déplacements mais aussi à célébrer des héros politiques, militaires et artistiques, instrumentalisés avec soin. Ainsi, «les rues disent la ville» et son histoire, comme le titre Jean-Claude Bouvier dans son ouvrage référence (éd. Christine Bonneton, 2007). Ce professeur émérite de langue et culture d’oc à l’université de Provence, spécialiste de la toponymie des villes, revient pour Libération sur les guerres de rues.

Les choix de noms de rues en France suscitent-ils des mouvements de protestation aussi violents qu’aux Etats-Unis ces jours-ci ?

Chaque régime a tenté de faire oublier le précédent et de légitimer son existence en mettant en avant ses grandes figures. La Révolution a ainsi débaptisé les lieux qui faisaient référence à la monarchie. Puis la Restauration a rétabli une partie des noms. A partir de 1871, la IIIe République a pioché du côté des inspirateurs de la Révolution, tels Voltaire et Rousseau, tout en rendant hommage à Louis Pasteur, un scientifique qui incarne le progrès, ou à Sadi Carnot, un de ses premiers présidents. Le régime de Vichy s’est livré à une authentique épuration toponymique en chassant Jean Jaurès, Gambetta, Paul Bert ou même Zola. Il a préféré les Mermoz (aviateur), Gallieni (général), le maréchal Pétain lui-même ou encore Jeanne d’Arc, un symbole utilisé à dessein puisqu’il rappelle la libération de la France contre les Anglais… Une épuration en sens inverse s’est déroulée dès 1944… Depuis lors, les attributions de noms font l’objet d’un relatif consensus républicain.

Qui fait partie du «panthéon républicain» ?

Le général de Gaulle est en tête, devant Louis Pasteur, Victor Hugo, Jean Jaurès et Jean (...)

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