Un nom pour les anonymes de naissance

Lors d'une mobilisation pour le droit à la connaissance des origines, en 2007.

Sabine Menet, l'auteur de «Née sous X, l’enquête interdite», interpelle les candidats à la présidentielle pour qu'ils mettent fin à cette loi du secret. En finir avec l'accouchement sous X, c'est instaurer le droit d'origine à des orphelins de la parole.

En France, chaque année, 700 enfants naissent encore sous X. Sans filiation, sans identité, sans racine. Je fus l’un d’eux. Révoltée par cette dépossession de mes origines, je me suis battue pour pouvoir écrire mon début d’histoire. C’est donc aujourd’hui dans l’apaisement d’une quête aboutie que je demande aux candidats à la présidence de la République de mettre fin à cette exception française. A cette loi du secret, écrite sous le gouvernement de Vichy qui fait honte à notre pays et ignore l’un des principes fondateurs de la Convention internationale des droits de l’enfant que la France a pourtant ratifiée.

Nous devons sortir d’une mécanique huilée par la peur et le jugement. Il est possible de respecter le droit d’une femme de ne pas élever son enfant et le droit de cet enfant de savoir d‘où il vient sans que cela n’ébranle les fondations d’une famille adoptive. Mettre un terme à l’accouchement sous X et instaurer un accouchement dans la discrétion n’est pas une régression des droits de la femme ou une atteinte à la cellule familiale : il est une victoire pour les droits de l’homme car chaque enfant né sous X est un adulte en devenir et hélas, dans l’état actuel des choses, sans passé.

Je suis une métisse de la filiation. Née de parents biologiques et généalogiques, j’ai été élevée par des parents adoptifs, aimants et légaux. Il n’y a pas de vraie ou de fausse famille : il n’y a que des adjectifs qualificatifs et constructifs. L’identité est multiple. Tant qu’une personne n’obtient, pour seule réponse à sa légitime question de savoir d‘où elle vient qu’un X lapidaire, elle reste amputée, incomplète et en souffrance. Et tout l’amour dont elle peut être entourée n’est pas suffisant. Surtout quand (...)

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