"Nokiagate": accusé de supprimer des textos, le Premier ministre néerlandais met en avant la faible mémoire de son téléphone

Un Nokia 3310 - Nokiamuseum.com
Un Nokia 3310 - Nokiamuseum.com

Le Premier ministre néerlandais dans la tourmente pour une affaire de textos? Mark Rutte se voit reprocher d'avoir supprimé des SMS de son vieux téléphone portable, enfreignant possiblement la loi sur l'archivage qui s'impose au chef du gouvernement. Les parlementaires demandent un débat, mais le Premier ministre se défend et assure avoir simplement voulu libérer de l'espace sur son téléphone.

L'affaire a pris de telles proportions qu'elle a été surnommée le "Nokiagate" par des médias néerlandais, en référence au Watergate, un scandale politique qui avait abouti à la démission de Richard Nixon, alors président des États-Unis, en 1974, et au modèle de téléphone inhabituel utilisé par le président néerlandais, un vieux modèle Nokia.

Selon des révélations faites mercredi par le quotidien de Volkskrant, qui avait cherché à accéder aux communications du gouvernement pendant la pandémie de Covid-19, Mark Rutte a supprimé des textos de son téléphone portable. Problème, la loi néerlandaise impose que certaines correspondances gouvernementales soient conservées afin de pouvoir expliquer au public pourquoi certains choix ont été faits.

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Pas plus de 20 textos conservables

Mark Rutte, dont le dévouement à son ancien modèle Nokia a longtemps collé à son image publique frugale, s'est défendu devant la presse, assurant s'être "conformé aux directives" et n'avoir "jamais délibérément" caché des affaires importantes en supprimant des messages.

La raison de ces messages disparus? Un simple manque de mémoire sur un téléphone qui ne peut conserver que 20 textos maximum à la fois, selon le Premier ministre, qui ne se dit "pas grand fan des smartphones".

Le chef du gouvernement déterminait personnellement quels messages étaient suffisamment importants pour être transmis à un responsable gouvernemental afin d'être archivés, a expliqué De Volkskrant.

Les attachés de presse de Rutte ont entre-temps confirmé qu'il possédait désormais un smartphone, car son ancien téléphone n'avait pas eu de réseau lors d'une visite aux États-Unis.

Des discussions ce jeudi?

La classe politique néerlandaise de tous bords a déploré les agissements de Mark Rutte. La dirigeante du parti socialiste Lilian Marijnissen a dénoncé la suppression des textos comme étant "le moyen parfait de nier tout problème dans lequel on était impliqué", tandis que le leader du Freedom Party, situé à l'extrême droite, Geert Wilders, s'est faussement interrogé sur Twitter sur la possibilité de "supprimer ce cabinet".

Les parlementaires néerlandais demandent au chef de l'État qu'il fournisse une lettre d'explication à cette affaire et réclament un débat parlementaire d'urgence, selon Politico. Les discussions pourraient avoir lieu dès ce jeudi.

Un avocat représentant l'État néerlandais a cependant déclaré que le chef du gouvernement avait procédé à un "archivage en temps réel" et qu'il n'y avait aucune raison, selon lui, de soupçonner un délit.

Le quotidien De Volkskrant avait en 2020 lancé une procédure judiciaire pour accéder aux messages de Rutte, en s'appuyant sur une décision de l'année précédente selon laquelle les messages SMS et WhatsApp étaient inclus dans la loi sur les archives. Mais le journal s'est dit surpris de n'avoir reçu que des messages transmis par le Premier ministre à son personnel et a demandé plus d'informations.

Article original publié sur BFMTV.com