Dans « Nobody Wants This » sur Netflix, les stéréotypes sur les femmes juives agacent les spectatrices

« C’est comme ça que les femmes juives ont été représentées à travers l’Histoire. Surprotectrices, intenses, pas drôle, pas attirantes [...] c’est douloureux de voir ce stéréotype encore et encore. »
Netflix « C’est comme ça que les femmes juives ont été représentées à travers l’Histoire. Surprotectrices, intenses, pas drôle, pas attirantes [...] c’est douloureux de voir ce stéréotype encore et encore. »

CLICHÉS - À Los Angeles, Noah, un rabbin en pleine ascension professionnelle, quitte sa petite amie de longue date et rencontre Joanne, une podcasteuse agnostique. C’est le point de départ de Nobody Wants This, la série la plus en vue du moment, qui ne quitte pas le top 10 de Netflix depuis sa sortie.

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En dix épisodes, la rom-com raconte comment les deux amoureux apprivoisent leurs univers respectifs, avec pour enjeu majeur la place de la religion dans la vie de Noah (et son absence dans celle de Joanne). Mais si, sur les réseaux sociaux, les critiques positives s’accumulent – particulièrement sur le casting porté par Adam Brody et Kristen Bell –, la série a aussi laissé un goût amer à une partie du public. Notamment aux femmes juives, qui ont pointé avec agacement les stéréotypes sur lesquels le scénario se repose. Mère surprotectrice, femmes obsédées par le contrôle... Dans la presse américaine, des femmes juives ont pris la parole pour rappeler à quel point ces clichés qui les concernent pouvaient être frustrants et éprouvants.

« J’en suis à l’épisode 2 de Nobody Wants This et la personne qui a écrit cette série n’aime vraiment pas les femmes juives »

Des scènes « douloureuses à regarder »

« Après avoir regardé les deux premiers épisodes de Nobody Wants This, j’ai appelé ma mère et j’ai dit, “Je ne peux pas imaginer que quiconque regarde cette série et se dise, j’ai vraiment envie de fréquenter une fille juive ”, témoigne l’éditrice Jessica Radloff dans un article pour Glamour.com. On y apparaît comme des femmes obsédées par le contrôle et le mariage, qui [ne] veulent [qu’]organiser des dîners et sont hostiles à toutes les personnes qui ne partagent pas ces rêves. »

Une catégorisation des femmes juives qui apparaît, pour la journaliste Jamie Feldman, « dès l’ouverture de la série ». « Il apparaît clairement qu’il y a deux groupes distincts de personnages : les femmes juives, et les personnes qui les tolèrent », écrit-elle dans le HuffPost US.

Dans les premiers épisodes, en effet, la rupture entre le personnage principal et sa petite amie juive, Rebecca, a lieu après une conversation lunaire lors de laquelle sa future ex admet avoir fouillé dans ses affaires, trouvé la bague de fiançailles qu’il comptait lui offrir, et avoir commencé à la porter en public avant même qu’il ait pu faire sa demande. Esther, autre femme juive très importante dans la série, est mise en scène en train de faire sortir de force son mari d’un bar, en se garant à l’entrée et en lui criant de rentrer à la maison à grands coups de klaxon. Une scène « très douloureuse à regarder » pour Ava Feldman, interrogée dans l’article du HuffPost. « C’est un stéréotype tellement dépassé de la femme juive chiante qui ne supporte pas sa moitié », s’agace Jessica Radloff.

« Le cliché de la mère juive est épuisant »

Dans un article intitulé « Des femmes juives de la vraie vie parlent des femmes juives dans la série Netflix Nobody Wants This », les journalistes du média féministes juif Hey Alma ont listé les points qui les avaient heurtées dans la fiction Netfix. Parmi eux, le personnage de la mère de Noah, dont la personnalité est largement basée sur le stéréotype de la mère juive surprotectrice. « Le cliché de l’horrible mère juive qui se mêle de tout est épuisant, se désole l’une des participantes. Ils ne pouvaient pas rendre le père pareil, pour que ce ne soit pas que la mère ? »

D’autant plus que ces représentations négatives chez les femmes juives sont exacerbées par une écriture qui présente les femmes non-juives comme leur contraire. « Je n’ai pas aimé avoir l’impression que les femmes non-juives étaient représentées comme drôles, capable d’être cool et de s’amuser, alors que les femmes juives étaient traditionnelles à outrance et avaient besoin d’aide pour se détendre », souligne l’une des journalistes de Hey Alma.

Dépassés, épuisants, ces traits attribués aux femmes juives sont aussi ancrés dans une misogynie et un antisémitisme de longue date, comme le souligne une participante à cette conversation. « Pour aller un peu plus loin, c’est comme ça que les femmes juives ont été représentées à travers l’Histoire. Surprotectrices, intenses, pas drôle, pas attirantes, tout simplement trop. [...] C’est douloureux de voir ce stéréotype encore et encore dans une série, avec une vision tellement dépassée. »

Un portrait répété qui n’a rien à voir avec la diversité et la complexité des femmes juives et de leurs expériences. « C’est la plus grosse déception de Nobody Wants This, écrit la journaliste Esther Zuckerman en conclusion d’un article critique de la série pour le Time. Ce qui aurait dû être une série à propos de l’entrée d’une femme dans la culture juive perpétue, à la place, les pires idées reçues à propos des femmes juives. Je voulais tomber amoureuse, au final, je me suis sentie ciblée. »

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