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Nobel de la paix: le gouvernement biélorusse estime qu'Alfred Nobel "se retourne dans sa tombe"

Nobel de la paix: le gouvernement biélorusse estime qu'Alfred Nobel "se retourne dans sa tombe"

La Biélorussie a dénoncé vendredi la remise du prix Nobel de la paix au défenseur biélorusse des droits de l'Homme incarcéré Ales Beliatski, co-lauréat avec deux ONG.

"Ces dernières années, les décisions - et on parle du prix de la paix - sont tellement politisées qu'Alfred Nobel n'en peut plus de se retourner dans sa tombe", a réagi sur Twitter le porte-parole de la diplomatie biélorusse, Anatoli Glaz.

Alfred Nobel est le fondateur des prix éponymes. Dans un choix hautement symbolique en faveur de la "coexistence pacifique", le Nobel de la paix a couronné vendredi un trio de "champions des droits humains" en Ukraine, en Russie et en Biélorussie, trois des principaux acteurs d'un conflit ukrainien entaché d'atrocités.

Opposant à la réélection de Loukachenko

Le prestigieux prix a été conjointement attribué au militant biélorusse Ales Beliatski, emprisonné dans son pays, à l'ONG russe Memorial - frappée par un ordre de dissolution des autorités russes - et au Centre ukrainien pour les libertés civiles qui s'emploie à documenter les "crimes de guerre russes" dans le conflit en cours.

Ales Beliatski, âgé de 60 ans, est le fondateur du Centre de défense des droits de l'Homme Viasna ("Printemps"). Il avait été de nouveau jeté en prison lors des manifestations massives contre la réélection, jugée frauduleuse par les Occidentaux, du président autoritaire Alexandre Loukachenko en 2020.

Rassemblant des dizaines de milliers de manifestants pendant des mois, le mouvement de contestation en lien avec la présidentielle a été durement maté: arrestations de masse - au moins 37.000 selon l'ONU -, tortures, exils forcés et emprisonnement d'opposants, de journalistes et de responsables d'ONG...

Soutenu à l'époque par la Russie, Loukachenko, qui s'agrippe au pouvoir depuis 1994, a aujourd'hui fait de son pays l'un des très rares alliés de la Russie dans son offensive contre l'Ukraine.

Un prix contre les régimes autoritaires

"Le comité Nobel norvégien souhaite honorer trois champions remarquables des droits humains, de la démocratie et de la coexistence pacifique dans les trois pays voisins que sont la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine", a déclaré sa présidente Berit Reiss-Andersen.

Ce faisant, le comité a, comme attendu, tenu à marquer le coup face à la guerre en Ukraine qui a plongé l'Europe dans la crise sécuritaire la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais les cinq membres du comité Nobel se sont gardés de critiquer frontalement le président russe Vladimir Poutine qui avait lancé l'invasion de son voisin ukrainien le 24 février dernier.

Interrogée pour savoir s'il s'agissait d'un cadeau empoisonné pour le président russe qui fête ce jour même ses 70 ans, Berit Reiss-Andersen a affirmé que ce prix n'était pas dirigé contre lui mais que son régime "autoritaire", tout comme celui de la Biélorussie, devait cesser la répression.

"Ce prix ne s'adresse pas à Vladimir Poutine ni pour son anniversaire ni dans un autre sens, sauf que son gouvernement, comme le gouvernement biélorusse, constitue un gouvernement autoritaire qui réprime les militants des droits humains", a-t-elle fait valoir.

Article original publié sur BFMTV.com