Le Nobel échappe à Oates : une raison de plus de la lire

Régulièrement citée parmi les favoris, Joyce Oates Carol n’a toujours pas été récompensée cette année.
Régulièrement citée parmi les favoris, Joyce Oates Carol n’a toujours pas été récompensée cette année.

Une famille qui implose. Une toute jeune fille dont le regard se dessille. La violence des hommes. Une société américaine où le racisme ne cesse de déferler. Ma vie de cafard est un condensé de l'art romanesque de Joyce Carol Oates, maîtrisé de bout en bout, qui saisit le lecteur en racontant une Amérique malade au miroir d'un fulgurant portrait.

L'histoire est racontée à travers la voix de la jeune Violet Rue Kerrigan, chassée de sa famille de sept enfants à l'aube de l'adolescence, dans l'Amérique des années soixante-dix. Son crime ? Avoir dénoncé celui de ses frères, qui ont battu à mort un jeune Afro-Américain. Autrefois enfant chérie d'un père qu'elle idolâtre autant que ses frères, Violet est désormais bannie. Comme dans Nous étions les Mulvaney, l'un de ses grands romans, Oates raconte de l'intérieur une famille qui se défait. Mais le portait de groupe, ici, est plus que trouble. Dans la tribu des Kerrigan, la violence est omniprésente. « Tel est le secret pervers et mélancolique des familles : vous vous recroquevillez de terreur sous les coups d'un père ou d'une mère et pourtant, quand vous n'êtes pas le destinataire de ces coups, vous vous gonflez d'une fierté honteuse. » Chassée, la jeune Violet va peu à peu comprendre ce qui se jouait dans un quotidien qu'elle tenait pour acquis. Peu à peu, la réalité de la violence, notamment celle du père, lui apparaît. Un parcours d'émancipation typique d'Oates, familière des personnages amenés à revisiter leu [...] Lire la suite