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Amnesty estime sans précédent le niveau de violence en Egypte

LE CAIRE (Reuters) - L'Egypte connaît un niveau de violence d'une "ampleur sans précédent" depuis que l'armée a écarté du pouvoir le président islamiste Mohamed Morsi démocratiquement élu, le 3 juillet, dénonce Amnesty International dans un rapport publié jeudi. Les autorités égyptiennes "écrasent les dissidents et foulent aux pieds les droits de l'homme", estime l'ONG qui fait état d'arrestations de masse, de pressions sur la liberté d'expression et de limites au droit de manifester. Le rapport a été publié à deux jours de la date anniversaire du soulèvement populaire qui a conduit à la chute d'Hosni Moubarak en février 2011. A Davos, en Suisse, où il participe au Forum économique mondial, le Premier ministre par intérim, Hazem el Beblaoui, a réagi en dénonçant une "image déformée" de la réalité. "Il y a une fixation sur l'emprisonnement d'activistes", a-t-il dit sur CNN, ajoutant : "Des policiers sont assassinés. Personne n'en parle. La représentation de la réalité n'est pas équilibrée." Environ 1.400 personnes ont été tuées dans des violences depuis que le chef de l'état-major, le général Abdel Fattah al Sissi, a évincé Morsi, ces décès étant imputables "principalement à un usage excessif de la force par les services de sécurité", souligne Amnesty. AU-DESSUS DES LOIS Plusieurs centaines de personnes ont été ainsi tuées le 14 août lorsque les militaires ont donné l'assaut à l'aide de bulldozers et à balles réelles contre des campements occupés par les partisans de Mohamed Morsi au Caire, notamment devant la mosquée de Rabaa al Adaouiya. Des milliers de personnes ont été arrêtées, dont la plupart des dirigeants des Frères musulmans, organisation dont était issu le chef de l'Etat déchu. Le gouvernement de transition a déclaré la confrérie "organisation terroriste" le 25 décembre. "Les forces de sécurité sont totalement libres d'agir au-dessus de la loi et sans risque d'être tenues responsables de leurs abus", ajoute Amnesty. "L'Egypte a vécu une série d'atteintes dommageables aux droits de l'homme et un état de violence d'une ampleur sans précédent au cours des derniers mois", a dit Hassiba Hadj Sahraoui, responsable adjointe du programme de l'ONG pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. Le gouvernement de transition affirme de son côté son attachement aux droits de l'homme et à la démocratie et accuse les Frères musulmans d'être une menace pour la sécurité nationale. L'Egypte a adopté une nouvelle Constitution par référendum et des élections présidentielle et législatives devraient être organisées prochainement. Sissi n'a pas encore fait savoir s'il entendait être candidat à la présidence mais si tel est le cas, il devrait l'emporter. Selon Amnesty, les autorités égyptiennes font tout ce qui est en leur pouvoir pour réduire la présence d'observateurs indépendants, militants humanitaires, journalistes ou ONG, sur le territoire. Shadia Nasrala, Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser