Publicité

Nicolas Sarkozy prend date pour 2017 avec son congrès fondateur

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - Près de six mois après son retour à la tête de l'UMP, Nicolas Sarkozy devrait porter samedi sur les fonts baptismaux "Les Républicains", un nouveau nom censé symboliser l'union retrouvée d'une droite pourtant débordante d'ambitions rivales pour 2017. Les collaborateurs de l'ancien chef de l'Etat l'assurent, le "congrès fondateur" de samedi, à Paris, ne sera pas la grand'messe d'intronisation que fut le congrès du Bourget de 2004, un show à l'américaine de quelque cinq millions d'euros sacrant le futur candidat à l'élection présidentielle de 2007. "Notre congrès ne doit certainement pas être le meeting de lancement de la campagne présidentielle", a prévenu dans Le Figaro l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. A charge pour les adhérents de légitimer le scénario que Nicolas Sarkozy caresse depuis l'automne dernier : un parti à sa main, officiellement réconcilié et lavé des "turpitudes" passées par la grâce d'un changement d'appellation, un cheval de Troie pour l'homme à battre de la primaire de 2016. "Ce n'est pas le parti de Sarkozy ou d'un autre, c'est une force qui prépare l'avenir", a plaidé jeudi le président de l'UMP après avoir voté sur les nouveaux nom et statuts. "Est-ce qu'on peut convaincre des gens au-delà du seul clivage gauche-droite qu'il y a un enjeu qui nous dépasse : c'est le pays?" Au total, 213.030 militants à jour de cotisation au 31 décembre 2014 étaient appelés à se prononcer par vote électronique de jeudi 08h00 à vendredi 18h00 sur le nouveau nom de l'UMP, ainsi que ses statuts renouvelés et la composition de son bureau politique, pléthorique. UN TEST DE POPULARITÉ Même si la direction de l'UMP souligne "l'engouement" des militants pour "Les Républicains" - ce d'autant depuis l'échec d'un recours en justice d'un collectif de gauche contre un "accaparement" sémantique-, les enquêtes menées auprès des sympathisants de droite ne témoignent pas d'un réel enthousiasme, à l'image des ténors du parti. L'issue du vote, scrutée par le Parti socialiste qui vient d'offrir à François Hollande une majorité avant son Congrès de juin, sera un test de popularité pour Nicolas Sarkozy, déjà engagé dans une pré-campagne contre "Moi je", le sobriquet dont il affuble désormais son successeur. Le risque d'un désaveu est jugé infime, mais la direction de l'UMP maintient l'incertitude sur la proclamation des résultats, qui devraient être dévoilés samedi devant les militants. La société civile, avec des interventions dans la salle, sera à l'honneur dans "une démonstration de force et d'unité" fidèle au "grand rassemblement" que Nicolas Sarkozy appelle de ses voeux pour 2017. Les noms des sportives Marion Bartoli et Maud Fontenoy circulent également, Bernadette Chirac ferait une apparition vidéo, de même que la chancelière Angela Merkel. Les temps de parole des candidats déclarés et non déclarés à la primaire - Alain Juppé, François Fillon, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet... - ont été pesés et "séquencés" en fonction de neuf thèmes tenus secrets avant le discours de clôture de Nicolas Sarkozy. 550.000 EUROS Pas de décorum, le ton sera à la "sobriété" selon le terme du trésorier Daniel Fasquelle, pour ne pas dire austérité : entre 500.000 et 550.000 euros ont été engagés pour l'événement, organisé par les équipes du parti sans agence de communication, telle Bygmalion qui vaut à l'UMP des ennuis judiciaires. L'opération "Mains propres" impulsée par Nicolas Sarkozy, lui-même cité dans plusieurs enquêtes, a redonné confiance aux militants, priés samedi de "venir avec leur panier-repas". "Nous gagnons plus de 1.000 adhérents chaque jour", se félicite Isabelle Le Callennec, porte-parole de l'UMP. Le paradoxe est là : Nicolas Sarkozy, que seuls 37% des Français déclarent ne pas regretter dans un récent sondage Ifop-Fiducial, continue de faire battre le coeur sarkozyste de l'UMP, le creuset de son électorat qui, quand bien même la primaire serait largement ouverte en 2016, pourrait faire la différence face à "la menace" Juppé par sa capacité de mobilisation. "Il est en campagne et a déjà labouré profond. Nous ne devons pas perdre de vue nos sillons", concède un proche de Bruno Le Maire. Le positionnement programmatique sera la clé de la compétition. Nicolas Sarkozy le sait, qui a renvoyé à juin 2016 la question cruciale de la ligne des "Républicains" face à la concurrence du Front national. "Ce doit être une ligne politique beaucoup plus réaffirmée, une ligne politique plus claire dans laquelle on assume de dire qu'on doit redéfendre les valeurs de la République", avance le secrétaire général de l'UMP Laurent Wauquiez, tenant de la ligne "droitière" du parti. Réplique de Bruno Le Maire jeudi dans Le Monde : Le parti "ne porte pas le projet présidentiel. (...) Laissons la synthèse à la gauche et à François Hollande". (avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse)