Nicolas Sarkozy livre une lourde charge contre les enseignants (et se fait reprendre de volée)
L’ancien chef de l’État a ironisé sur les heures de travail des professeurs des écoles et a affirmé que la France comptait trop d’enseignants.
POLITIQUE - Un retour au centre du débat, mais sans que ce soit lié à ses déboires judiciaires. Ce samedi 9 novembre, une petite phrase glissée par Nicolas Sarkozy lors des « Rencontres de l’Avenir » provoque une vive polémique. Cet événement organisé vendredi par l’économiste (d’inspiration libérale) Nicolas Bouzou et le maire LR de Saint-Raphaël, Frédéric Masquelier, a accueilli en vedette l’ex-chef de l’État, qui a disserté sur de très nombreux sujets, à en croire Le Point.
Mais c’est un extrait isolé par BFMTV qui a fini par attirer l’attention. Et pour cause, on peut voir Nicolas Sarkozy livrer une violente charge contre les enseignants. « Le statut de professeur des écoles (...) c’est 24 heures par semaine, mais ce qu’on ne dit pas, six mois de l’année », a calculé l’ancien président de la République, condamné récemment pour « corruption » et de « trafic d’influence ». Avant d’ironiser et de provoquer les rires de l’assistance : « Entre les vacances, et les week-ends… Alors je sais bien il faut préparer les cours : maternelle et grande section ».
"Nous n'avons pas les moyens d'avoir un million d'enseignants" clame Nicolas Sarkozy pic.twitter.com/cxuF8vZyVX
— BFMTV (@BFMTV) November 8, 2024
Pour l’ex-président de la République, « il faut dire la vérité » qui, selon lui, consiste à affirmer ceci : « Nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants ». Une vision du système éducatif, qui ignore au passage complètement le fait que la France est l’un des pays de l’UE où le nombre d’élèves par enseignants est le plus élevé, qui a fait bondir la gauche, mais pas seulement.
« Voilà ce que la droite pense des fonctionnaires. Il faut écouter ce mépris pour les professeurs des écoles ! Et oser dire qu’il y a trop d’enseignants quand nos enfants sont souvent bien trop nombreux par classe », a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
« Méconnaissance abyssale »
« Foutez le devant une classe, ça le calmera (non, les élèves ne méritent pas ça). Soutien à tous les enseignants qui font du mieux qu’ils peuvent, tous les jours, malgré tout le mal que se donne le gouvernement pour casser l’éducation nationale », a renchéri le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, quand son collègue Pierre Ouzoulias rappelle que le salaire de Nicolas Sarkozy avait augmenté de 172 % lors de son passage à l’Élysée. « Sarkozy se distingue toujours par sa volonté d’affaiblir ce qui fait autorité dans la société. Ces propos à l’égard des professeurs qui détiennent entre leurs mains l’avenir du pays sont consternants », dénonce de son côté le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse.
Député MoDem du Doubs, Laurent Croizier a également étrillé les propos de Nicolas Sarkozy. « Allez faire ne serait-ce qu’une semaine dans une école maternelle ! Vos propos sont d’une méconnaissance abyssale. Ils participent à la crise d’attractivité du métier d’enseignant. Pour nos enfants, faites le choix de l’éducation plutôt que le mépris des professeurs », a réagi l’élu centriste.
Au-delà du monde politique, de nombreux enseignants s’indignent sur le réseau social X, et rappellent au passage à l’ancien chef de l’État une cruelle réalité sur les heures de cours, dont il fustige le nombre aujourd’hui. C’est bien sous sa présidence, à la rentrée 2008, que trois heures de cours ont été supprimées le samedi matin, fixant à vingt-quatre le nombre d’heures d’enseignement hebdomadaire. Un zéro pointé, en quelque sorte.
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