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Nicolas Sarkozy: à quoi s'attendre avant le début de son procès en appel dans l'affaire Bygmalion?

Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Un nouveau rendez-vous avec la justice pour l'ancien président de la République. Ce mercredi s'ouvre le procès en appel de Nicolas Sarkozy, et de douze autres prévenus, dans le cadre du dossier dit "Bygmalion" sur le financement présumé illégal de la campagne présidentielle perdue de 2012.

L'ancien locataire de l'Élysée, qui devrait être présent à l'ouverture de l'audience devant la cour d'appel de Paris, avait été condamné en septembre 2021 à un an de prison ferme par le Tribunal correctionnel de Paris pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses de sa campagne.

Il avait aussitôt annoncé son intention de faire appel, considérant "injuste" sa condamnation à la peine maximale alors prévue par la loi et promettant d'aller "jusqu'au bout". À la veille de l'ouverture de ce nouveau procès, son entourage a indiqué à BFMTV que Nicolas Sarkozy est "très concentré et déterminé à se défendre."

Système de double facturation

Contrairement à ses coprévenus, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures lui-même, imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de sa campagne (près de 43 millions d'euros, alors que le plafond légal était de 22,5 millions).

"Alors que le plafond était dépassé (...) Nicolas Sarkozy a volontairement omis, en sa qualité de candidat, d'exercer un quelconque contrôle sur les dépenses", avait toutefois argué la justice dans le premier jugement.

Douze anciens cadres de la campagne, de l'UMP - aujourd'hui devenue Les Républicains - ou de la société Bygmalion, seront eux rejugés pour complicité de "financement illégal de campagne", faux, escroquerie, abus de confiance ou complicité de ces infractions.

En première instance, le tribunal avait estimé qu'ils avaient pris part, à divers degrés, à la mise en place d'un système de double facturation. Dix d'entre eux ont fait appel de leur condamnation pénale, tandis que deux autres contestent uniquement les dommages et intérêts qui leur ont été infligés.

Quel rôle pour Jean-François Copé?

Révélé deux ans après la défaite de Nicolas Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite. Au premier procès, seuls quatre mis en cause, dont Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne, avaient reconnu une responsabilité.

Nicolas Sarkozy avait lui nié en bloc, assurant que s'il y avait bien eu "des fausses factures et des conventions fictives", "l'argent n'(avait) pas été dans (sa) campagne". Selon lui, Bygmalion - fondé par des proches de son rival Jean-François Copé - s'était "goinfré".

Sa défense avait aussi fait valoir que le dépassement du plafond légal avait déjà été sanctionné par le Conseil constitutionnel, qui avait rejeté ses comptes de campagne en 2013, et ne pouvait donc être de nouveau jugé.

Cet argument, rejeté par le tribunal correctionnel, devrait être à nouveau soutenu devant la cour d'appel, selon une source proche du dossier.

Un autre prévenu, Guillaume Lambert, l'ex-directeur de campagne, demandera lui, comme en première instance, l'ouverture de nouvelles investigations pour éclairer le rôle de l'ancien patron de l'UMP Jean-François Copé, blanchi dans cette affaire, a indiqué à l'AFP l'un de ses avocats, Rémi Lorrain.

Sarkozy attendu à la barre de 23 novembre

Après ces points de procédure, qui doivent être évoqués jeudi, la présidente de la cour, Pascaline Chamboncel-Saligue, procèdera à la lecture du rapport. A partir de vendredi, les prévenus seront interrogés chacun à leur tour. Nicolas Sarkozy est attendu à la barre le 23 novembre.

Dans son jugement, le tribunal avait pointé les "sommes extrêmement conséquentes" en jeu et des faits commis par "des professionnels avertis" pour justifier les peines - jusqu'à un an et demi de prison ferme.

Concernant Nicolas Sarkozy, il avait estimé que l'ancien locataire de l'Elysée (2007-2012) avait "poursuivi l'organisation de meetings" électoraux, "demandant un meeting par jour", alors même qu'il "avait été averti par écrit" du risque de dépassement légal, puis du dépassement effectif.

Pour ce nouveau procès, prévu pour durer jusqu'au 8 décembre, il sera défendu par son avocat de longue date Thierry Herzog et par Vincent Desry. Joints par l'AFP, ils ont indiqué ne pas souhaiter s'exprimer avant l'audience.

Nicolas Sarkozy, qui comparaîtra en 2025 pour les soupçons de financement libyen de sa précédente campagne présidentielle, celle, victorieuse, de 2007, vient par ailleurs d'être mis en examen, début octobre, dans le volet de cette affaire lié à la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine.

Article original publié sur BFMTV.com