Nicolas Bedos voulait aider son père à mourir : il a acheté un produit pour l'euthanasier

(Photo by Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images)
(Photo by Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images)

Alors que le débat sur l'euthanasie est de nouveau au coeur de l'actualité, les propos de Nicolas Bedos risquent de faire du bruit. Dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Obs, l'acteur et auteur évoque comment il a aidé son père, Guy Bedos, à mourir selon ses propres termes.

Il y a quelques semaines, Victoria, la fille de Guy Bedos avait évoqué la mort de son père avec colère et émotion : "Il n'est pas mort du Covid, il avait une sorte de maladie d'Alzheimer, mais pas tout à fait ça. Il perdait un petit peu la mémoire. Quand il y a eu le confinement (...), nous n'avons plus eu le droit de venir voir notre père ! Donc c'était très compliqué. C'était trop insupportable donc il s'est laissé crever. Il a arrêté de manger. Il est mort du confinement en fait." Ces propos, adressés à Jordan De Luxe dans son émission, faisaient écho aux tribunes de Nicolas Bedos, postées sur les réseaux sociaux, et dans lesquelles il enjoignait les Français à ne pas respecter les mesures sanitaires, à continuer à vivre.

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Des souvenirs violents, un an après la mort de son père

Alors que le premier anniversaire de la mort du comédien aura lieu le 28 mai prochain, Nicolas Bedos a décidé de prendre la parole dans une tribune publiée sur le site du Nouvel Obs. L'introduction du texte est claire : "Ce n’est pas le chagrin qu’il s’agit de livrer ici, c’est la question du choix, c’est la violence des épreuves imposée, en plus du reste, par la loi." Le fils de l'acteur emblématique raconte avec émotion les dernières semaines de son père, fortement diminué par la maladie. Il se souvient de cet homme "mi-gosse, mi-vieux", qui doit être porté par sa femme à chaque fois qu'il chute de son lit, véritable humiliation pour l'homme orgueilleux qu'il était.

La situation est particulière, en pleine crise de la Covid-19. "La question de l’hospitalisation s’est bien évidemment posée, mais on nous a prévenus qu’en pleine épidémie l’envoyer à l’hosto, c’est l’envoyer au diable, possiblement ne plus le voir et ne plus lui parler, ne plus pouvoir glaner ces rares sursauts de lucidité", raconte son fils. "L’époque est à la préservation de la vie au détriment de tout ce qui lui confère du sens. Il est donc décidé que le nôtre, de père, mourra dans sa chambre."

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Ses confidences sur l'euthanasie

Mais le texte écrit par celui qui a toujours si bien su manier les mots n'a pas pour seul but de rappeler la douleur et les conséquences de la pandémie. La tribune est là, aussi, pour faire des révélations : "Il y a des pères qui partagent la passion du football ou de la guitare avec leur fils, mon père et moi avons toujours eu en commun une relation étroite avec l'envie de débrancher la machine, faisant de cette idée une sorte de compagne presque réconfortante en cas de désespoir, de déroute affective ou intellectuelle." Guy Bedos était en effet engagé auprès de l'association ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité). Il était en faveur de l'euthanasie, et a donc demandé à son fils de l'aider à partir, plutôt que de continuer à souffrir.

Nicolas Bedos raconte comment il a pris contact avec un médecin, obtenu une "ordonnance de Rivotril, un antiépileptique couramment utilisé dans ces cas-là." Je me revois sur mon scooter, me rendant à la pharmacie pour acheter la mort de l'homme que j'aime le plus au monde." Un certain "Docteur T", qui avait promis à Guy Bedos de l'aider à mourir, refuse finalement, trouvant ce dernier trop lucide pour être euthanasié, laissant son fils face à un doute : doit-il prendre la décision pour son père et lui injecter le contenu du flacon ? "La nuit suivante sera la dernière. Longue. Bouleversante. Le lendemain, le flacon est plein. Mon père n'en a pas eu besoin pour offrir à son médecin l'état somnolent apparemment nécessaire à une intervention - qui eut lieu vers 17 heures. Il aura donc fallu qu'il baisse entièrement le rideau et ne pèse plus que quelques kilos pour que la société daigne choisir 'le jour et l'heure.'"

Guy Bedos voulait choisir comment mourrir

Pour Nicolas Bedos, la délivrance que peut offrir la mort face à la maladie est arrivée trop tard pour son père, qui a longtemps souffert. Une souffrance liée à son état de santé, mais aussi au regard de ses proches. Guy Bedos l'avait affirmé à plus d'une reprise : "Je veux mourir dans la dignité, décider du jour et de l'heure." A Telerama, il avait même affirmé : "J'espère qu'un médecin ami me prescrira, si je le lui demande gentiment, une dose de cyanure." La tribune de son fils confirme cette volonté du comédien de partir selon ses propres termes. Un serum difficile à obtenir en France, où l'euthanasie est encore aujourd'hui interdite.

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