Publicité

A Nice, Paris, Saint-Etienne-du-Rouvray et Villejuif, les églises plusieurs fois cibles d'attentats islamistes

La façade de la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 29 octobre 2020 - Valery HACHE © 2019 AFP
La façade de la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 29 octobre 2020 - Valery HACHE © 2019 AFP

A quelques jours de la fête catholique de la Toussaint, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, à Nice, a été meurtrie par un attentat terroriste. Trois paroissiens de la basilique ont été assassinés froidement par Brahim A., un jeune Tunisien de 21 ans récemment arrivé en Europe.

Neutralisé par les forces de l’ordre, l’homme a été interpellé après s’être "avancé vers [les agents, ndlr] de manière menaçante en criant ‘Allah Akbar’", a indiqué le procureur de la République antiterroriste, Jean-François Ricard, lors d’une conférence de presse.

"Cet attentat visait des paroissiens tout à fait ordinaires qui venaient prier très tranquillement", a réagi dans la foulée de cette attaque Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.

En pleine semaine Sainte pour les catholiques, cet attentat ravive une plaie déjà ouverte par de précédentes attaques, mûes par l’idéologie islamiste, au sein de l’institution religieuse.

• Tentative d’assassinat en pleine messe dominicale dans une église de Villejuif

La propagande de Daesh a engendré la première attaque islamiste au sein d’une église le 19 avril 2015. Téléguidé par l’organisation terroriste qui lui aurait demandé de "trouver une bonne église pleine de monde", Sid-Ahmed Ghlam, un étudiant algérien âgé aujourd’hui de 29 ans, est accusé d'avoir voulu massacrer les fidèles à l’heure de la messe dominicale.

Mais l’entreprise terroriste du jeune homme a été avortée. Actuellement jugé pour "assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste", il affirme avoir volontairement renoncé à son projet d'attentat et avoir appelé les secours après s'être tiré une balle dans la jambe en manipulant son arme. Il nie par ailleurs avoir tué Aurélie Châtelain, professeure de fitness de 32 ans et mère d'une petite fille de 4 ans, froidement abattue dans un garage où il préparait, d’après l'accusation, son assaut.

Selon la version de Sid-Ahmed Ghlam, la jeune femme a été tuée accidentellement par un mystérieux complice dont il est le seul à évoquer l'existence. L'enquête a cependant établi que la même arme avait tué Aurélie Châtelain et transpercé la jambe de Sid-Ahmed Ghlam. Le verdict du procès de Sid-Ahmed Ghlam est attendu le 6 novembre.

• Un prêtre assassiné durant l'office à Saint-Etienne-du-Rouvray

Un peu plus d’un an après l’attentat raté de Sid-Ahmed Ghlam contre une église de Villejuif, c’est la paroisse de Saint-Etienne-du-Rouvray, en Normandie, qui est prise pour cible. Le 26 juillet 2016, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, tous deux âgés de 19 ans, pénètrent dans l’église de cette commune de Seine-Maritime, se dirigent vers le père Jacques Hamel, en plein office, et lui assènent plusieurs coups de couteau à la gorge. L’octogénaire meurt sur place.

Les deux assaillants sont abattus lors de l'intervention de la police au terme d'une prise d'otages. Connus des services antiterroristes, ils étaient tous les deux fichés S. Adel Kermiche, originaire de Seine-Maritime, s'était radicalisé de longs mois auparavant et se préparait à "organiser des choses" comme il l'avait livré dans son journal de bord de la propagande jihadiste. Juste avant de passer à l'acte, il écrivait à ses abonnés sur sa chaîne Telegram:

"Tu prends un couteau, tu vas dans une église, tu fais un carnage, bim. Tu tranches deux ou trois têtes et c'est bon c'est fini."

En hommage aux victimes de la récente attaque dans la basilique Notre-Dame, à Nice, la sœur du père Jacques Hamel, Roseline Hamel, leur a adressé ses pensées dans un communiqué.

"Le Dieu qui demande de tuer n'existe pas. C'est un leurre, pire, une idole qui incarne l'esprit du Mal", écrit-elle dans ce texte cosigné par l'archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun. "Avec l'aide des non-croyants, nous devons abattre cette idole (...) la justice, la paix, l'amour vaincront. Nous le croyons, même si aujourd'hui nous pleurons".

• Explosion ratée devant Notre-Dame de Paris

A peine deux mois après Saint-Etienne-du-Rouvray, c’est un édifice mondialement connu qui est encore visé par des jihadistes: la cathédrale Notre-Dame de Paris. Inès Madani (22 ans), Ornella Gillgmann (32 ans), Amel Sakaou (42 ans), Samia Chalel (26 ans) et Sarah Hervouët (26 ans) sont accusées d’avoir participé, de près ou de loin en septembre 2016, à cette attaque - ratée - à la voiture piégée.

Dans la nuit du 3 au 4 septembre, Inès Madani et Ornella Gillgmann abandonnent une Peugeot 607 près de la cathédrale. Dans le coffre se trouvent six bonbonnes de gaz et trois bouteilles en plastique imbibées de gazole. Elles tentent d'enflammer avec un mégot de cigarette ce cocktail explosif mais le gazole, un hydrocarbure difficilement inflammable, ne prend pas. Les deux femmes prennent la fuite avant d’être interceptées quelques jours plus tard par le GIGN.

Poursuivies pour "tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle", les deux principales accusées ont été condamnées le 14 octobre dernier à des peines de 30 ans de prison pour Inès Madani, et 25 ans pour Ornella Gillgmann.

• Vigilance renforcée autour des lieux de culte

Face au danger encouru par les églises, et plus généralement par tous les lieux de culte, le gouvernement a renforcé jeudi la surveillance exercée par les forces de l'ordre autour de ces établissements.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a notamment recommandé aux préfets d'accentuer la vigilance autour "des lieux de culte et des cimetières (...)". "Vous prendrez contact avec l'ensemble des responsables des lieux de culte pour identifier les sites les plus sensibles et les mesures de protection à mettre en oeuvre", a-t-il dit.

Article original publié sur BFMTV.com