Le NFP accuse Michel Barnier d’avoir fait de Marine Le Pen une « Première ministre bis »

Le ministre de l’Économie Antoine Armand s’est fait recadrer par Michel Barnier pour avoir exclu le RN de « l’arc républicain ».

POLITIQUE - Qui est le véritable Premier ministre ? C’est la question que se pose la gauche ce mardi 24 septembre après les révélations de la presse sur les coulisses du recadrage par Michel Barnier du ministre de l’Économie Antoine Armand. Ce dernier avait estimé plus tôt dans la journée que le Rassemblement national ne faisait pas partie de « l’arc républicain ».

Antoine Armand, ministre de l’Économie, écarte le RN de l’arc républicain, se fait recadrer puis rétropédale

La petite phrase d’Antoine Armand, vue comme un crime de lèse-majesté par l’extrême droite, a fait bondir Marine Le Pen, qui a averti : « Quand j’entends Antoine Armand dire que sa porte est fermée au RN alors que le budget arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris. »

Le soutien (relatif) du RN au gouvernement Barnier a permis de mettre temporairement fin à la crise politique, du moins à nommer un nouvel exécutif après deux mois d’attente. Mais si le Rassemblement national a accepté de soutenir l’ancien négociateur du Brexit, il a bien fait savoir qu’il profiterait de sa force politique inédite grâce à ses 143 députés pour faire plier le gouvernement à sa guise. Et de brandir la menace de la censure en cas d’écart.

C’est ce qu’il s’est passé ce mardi. Alors après les avertissements clairs de Marine Le Pen et d’autres députés RN, Michel Barnier aurait appelé la cheffe de file d’extrême droite pour la rassurer, a raconté Le Figaro. Le chef du gouvernement qui tentait par la même occasion de sauver sa peau lui aurait promis qu’elle serait reçue par Antoine Armand dans les prochains jours, comme tous les autres partis.

Pour la gauche, cette séquence est la preuve tangible de l’alliance malsaine entre le RN et le gouvernement de droite, le second n’étant qu’un pantin du premier. « Marine Le Pen recadre Michel Barnier qui recadre Antoine Armand. Nous avons officiellement un gouvernement sous tutelle de l’extrême droite, moins de trois mois après le front républicain. TOUT VA BIEN », s’insurge le député écologiste Jérémie Iordanoff sur X.

Le sénateur communiste Fabien Gay dénonce aussi sur le même réseau social : « En fait ce gouvernement ne mange pas dans la main du RN. Ils rampent à leurs pieds… » Quant au socialiste Emmanuel Grégoire, il a publié la vidéo de Marine Le Pen s’insurgeant des propos du ministre de l’Économie et commenté : « La Première ministre bis Marine Le Pen a un message à passer aux membres de son gouvernement ! »

Sauf qu’au fil de la journée, la colère a débordé dans les rangs mêmes des macronistes. Des députés de l’aile gauche d’Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) ont d’abord taclé en off auprès d’un journaliste de France Télévisions : « C’est du dégoût, c’est incompréhensible. Je n’arrive pas à comprendre », « ça commence sérieusement à monter dans les tours dans le groupe. Le Premier ministre pense peut-être que cela lui laissera un peu de sursis mais ça ne changera rien. »

Une autre députée a déclaré à nos confrères de RMC : « Michel Barnier ne peut pas se comporter comme ça. C’est pas “Marine Le Pen claque des doigts” et Barnier dégomme. Faut pas toucher aux nôtres. » Une prise de position dangereuse qui pourrait coûter cher au vu de la situation politique très tendue.

Ce qui n’a pas empêché en fin de journée plusieurs élus EPR d’afficher leur soutien à Antoine Armand en public sur X. C’est le cas d’Éric Bothorel qui a répété les propos du ministre : « Le RN n’est pas dans l’arc républicain. » Tout comme David Amiel, pour qui « on ne négocie pas son programme avec le RN. Cela doit être simple et net », ou encore Stella Dupont, qui assume : « Oui, Antoine Armand est légitime, comme moi, comme les millions de Français qui ont voté pour le front républicain (aux législatives), à considérer que le RN ne fait pas partie de l’arc républicain ! »

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