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Nexans chute en Bourse après un nouvel avertissement sur 2018

par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Nexans est sanctionné en Bourse vendredi après avoir abaissé à nouveau ses prévisions de résultats pour 2018, un avertissement qui éclipse l'annonce d'un nouveau plan de redressement pour le spécialiste français du câble.

A 12h13, l'action du groupe dégringole de 14,03% à 23,04 euros, après avoir touché dans les premiers échanges un plus bas de 15 ans. Le titre a perdu ainsi plus de la moitié de sa valeur depuis le début de l'année (-55%).

Nexans a prévenu qu'il anticipait désormais un Ebitda consolidé de l'ordre de 325 millions d'euros sur l'année, inférieur aux 350 millions prévus en juin. Le groupe avait alors déjà révisé à la baisse son objectif annuel, puisqu'il attendait précédemment un Ebitda stable par rapport aux 411 millions de 2017.

"Ce trimestre, qui montre une croissance importante des ventes de câbles ne se traduisant pas dans la marge, nous paraît emblématique des difficultés actuelles du groupe", a indiqué le nouveau directeur général Christopher Guérin.

"C'est dans ce contexte que nous annonçons un plan de transformation qui permettra de changer le modèle de création de valeur de Nexans."

Le nouveau plan est moins ambitieux en valeur absolue que le précédent "Paced for growth" qu'il remplace, mais plus ambitieux en terme de calendrier. Il vise un Ebitda de 500 millions dès 2021 - contre 600 millions en 2022 - et une croissance organique annuelle moyenne de 3% sur les trois années du plan.

"Le nouveau plan stratégique peut sembler attractif si les objectifs sont atteints", commente Crédit suisse. "Mais les investisseurs risquent d'éprouver quelques difficultés à avoir confiance dans le long terme à un moment où les estimations à court terme sont encore réduites."

"Nous continuons de penser que la nomination d'une personne avec plus de 20 ans d’expérience chez Nexans (le DG Christopher Guérin) est une bonne nouvelle pour la société à moyen terme", estime de son côté Gilbert Dupont dans une note. Mais suite au "warning", il a néanmoins abaissé son objectif de cours de 34 à 30 euros.

COMME SUR DES MONTAGNES RUSSES

Nexans reste une référence mondiale dans le domaine du câble électrique, mais il a connu récemment une histoire houleuse.

Créé en 1897, scindé d'Alcatel dans les années 2000, le groupe a tenté en vain de changer d'échelle en 2004 en regardant Pirelli Cables (devenu Prysmian), puis en offrant en 2010 de racheter Draka, tombé dans l'escarcelle du même Prysmian.

Il a ensuite traversé une grave crise de gouvernance en 2014, dénouée avec la nomination au poste de directeur général d'Arnaud Poupart-Lafarge. L'élan imprimé par cet opérationnel réputé a été cassé net au printemps dernier avec l'annonce inopinée de son départ, suivi en juin d'un avertissement sur résultats.

A 46 ans, Christopher Guérin aura fort à faire pour rassurer des investisseurs échaudés par ces soubresauts.

"Il est clair que les résultats de Nexans sont à ce jours décevants", a reconnu ce diplômé de l'école de commerce ESDE SUP devant les analystes financiers. "Depuis 2012, notre retour sur capitaux employés, notre Ebitda montent et descendent comme sur des montagnes russes."

Pour y remédier, le groupe va simplifier son organisation et se repositionner sur les segments d'activités les plus rémunérateurs, notamment les services et les systèmes, afin de mieux répercuter la hausse des matières premières.

"Les ventes et le marketing sont dans mon ADN, mais nous pouvons voir aujourd'hui qu'une croissance des volumes ne rime pas forcément avec une croissance des profits", a ajouté le directeur général en poste depuis juillet.

La fourniture de modules pré-câblés, par exemple, plutôt que de câbles bruts en bobine, ou de systèmes électriques connectés pour une maintenance à distance, devrait permettre cette montée en gamme tout en répondant à la demande actuelle des acteurs de l'internet et des énergéticiens sur fond de digitalisation accélérée.

Le groupe annoncera au premier semestre prochain des réductions de coûts pour ses activités les moins rentables, représentant 50% du chiffre d'affaires, en priorité dans les zones Amériques et Asie et dans la haute tension terrestre.

Au troisième trimestre, Nexans a continué de souffrir de reports de projets dans la haute tension et d'une baisse de charge dans le secteur terrestre. La croissance organique de son chiffre d'affaires est ressortie à 1,9% (+6,1% hors haute tension et projets) mais elle reste en repli de 0,5% sur neuf mois.

(Avec Blandine Hénault et Zuzanna Szymanska, édité par Benjamin Mallet et Jean-Michel Bélot)