Neuralink : le projet d’implant cérébral d’Elon Musk cherche des cobayes humains (mais ça fait peur)
TECHNOLOGIE - Elon Musk cherche des patients. Non, pas pour aller dans l’espace : pour tester (et améliorer) son implant cérébral, appelé Neuralink. L’entreprise a posté, sur son site, un portail dédié à recueillir les volontaires qui souhaiteraient tester le produit en exclusivité. Pour espérer être qualifié, il faut être résident américain, être âgé d’au moins 22 anns, être atteint de quadriplégie... Et peut-être aussi ne pas regarder de trop près la genèse du projet.
Dévoilé il y a des années, Neuralink, comme presque tout ce qu’entreprend Elon Musk, porte en lui des promesses extraordinaires. En autorisant une connexion directe entre le cerveau et une interface informatique, la technologie pourrait permettre de résoudre toute sorte de maladies neurologiques, à commencer par certaines paralysies, ou l’ALS, la Sclérose latérale amyotrophique contre laquelle le fameux « Ice bucket challenge » avait vu le jour. Une véritable révolution pour les malades… s’ils sont traités avec plus d’égard pour le protocole que les animaux utilisés pour le projet.
Glue sur le cerveau et lésions non soignées
Avant que l’autorisation sur des sujets humains ne soit donnée, en mai dernier par l’administration américaine et mi-septembre par une agence indépendante, Neuralink a en effet été testé sur des moutons, des cochons, des singes, ainsi que des souris. Et les mammifères ont payé un prix élevé à ces recherches. Selon une enquête de l’agence de presse Reuters publiée en décembre 2022, 1800 animaux auraient trouvé la mort dans les laboratoires de Neuralink depuis 2018.
Si le chiffre est élevé, attention il ne faudrait pas y voir une spécificité de la firme d’Elon Musk. Des millions de mammifères meurent encore chaque année dans les laboratoires de recherche des firmes pharmaceutiques autour du monde, malgré les progrès de la protection animale. Mais les témoignages donnés à Reuters, à la suite de l’alerte d’une ONG américaine, montrent que bien des sacrifices et de souffrances furent le fruit d’un manque d’éthique flagrant de l’entreprise.
Implants collés à la glue directement sur le cerveau des singes, ou installé sur la mauvaise vertèbre d’un malheureux cochon, lésions non soignées, souffrance durant des semaines due à chairs infectées autour des implants… « C’était une boucherie » a ainsi reconnu l’un des employés de Neuralink. L’agence de presse américaine dit avoir identifié « quatre expériences, impliquant 86 cochons et deux singes, constellées d’erreurs humaines ».
De son côté, l’USDA, le ministère de l’agriculture américain, a été alerté par un rapport à glacer le sang de l’ONG Physicians Committee for Responsible Medicine. Ici, le cas de 23 animaux utilisés par Neuralink, à peine lisible tant il expose crûment leur état, montre au minimum « un manque de soin qui a débouché sur la mort et la souffrance de plusieurs singes ».
Derrière la souffrance animale, le management d’Elon Musk
Pourquoi de tels manques à l’éthique ? L’enquête de l’administration américaine est encore en cours. Mais les ex-employés de Neuralink mettent en causent Elon Musk lui-même, citant des employés soumis à un stress intense et mal prépares, asservis à des deadlines impossibles. Reuters cite ainsi un message du patron de SpaceX à son équipe, s’alarmant : « Nous n’allons pas assez vite », ou demandant de façon répétée, à ses employés d’imaginer qu’ils ont une bombe scotchée à la tête pour les faire accélérer.
Un management qui n’a pas eu pour seul effet de stresser les équipes. Au lieu de prendre le temps de tirer les enseignements adéquats après chaque test effectué sur un animal, Neuralink effectuait ses essais en succession rapide, sans attendre. Résultat, de nombreux animaux seraient morts pour rien, sacrifiés avant que l’on ait pu étudier correctement les cobayes précédents.
En mai dernier pourtant, la FDA, l’agence de sécurité sanitaire américaine, autorisait Neuralink à tester son implant sur des humains. La décision a surpris plus d’un observateur, à commencer par Physicians Committee for Responsible Medicine, qui a immédiatement appelé le milliardaire à cesser ses recherches sur l’implant. L’agence américaine, qui avait pourtant refusé de donner son autorisation en 2022, n’a pas réellement expliqué ce qui motivait son changement d’avis.
Il est donc possible, si vous le souhaitez, de faire acte de candidature pour faire progresser les recherches de Neuralink. Le ministère de l’agriculture américain n’a pour l’instant pas choisi d’ouvrir d’enquête. Les essais sur les animaux continuent dans les laboratoires de Neuralink.
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