Apparemment pas de lien entre le tireur de Munich et l'EI

par Joern Poltz, Jens Hack et Karin Strohecker MUNICH (Reuters) - Le jeune homme qui a ouvert le feu vendredi soir dans un centre commercial de Munich, tuant neuf personnes, et semé la panique dans la ville n'avait apparemment aucun lien avec l'organisation Etat islamique (EI), a déclaré samedi la police bavaroise. Cet adolescent germano-iranien de 18 ans, né à Munich où il a également grandi, semble avoir agi seul, sans le soutien du groupe djihadiste qui a revendiqué l'attentat de Nice du 14 juillet et une attaque dans un train allemand lundi, a précisé le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä. Les enquêteurs sont arrivés à cette conclusion à l'issue d'une perquisition menée samedi à l'aube au domicile du tireur, qui faisait par ailleurs l'objet d'un suivi psychiatrique et n'était pas connu des services de police. "D'après nos investigations, rien n'indique qu'il y ait un lien avec l'Etat islamique" ou la question des réfugiés, a déclaré Hubertus Andrä lors d'une conférence de presse. "Des documents concernant des tueries ont été découverts (lors de la perquisition), donc l'assaillant a manifestement fait des recherches intensives sur le sujet", a ajouté le chef de la police locale. Armé d'un pistolet, le tireur a été trouvé mort après s'être apparemment suicidé d'une balle dans la tête. La police a dit avoir découvert 300 balles dans le sac à dos qu'il portait. En le comptant, la tuerie a fait 10 morts, parmi lesquels huit adolescents et jeunes adultes âgés de 14 à 20 ans, ainsi que 27 blessés, dont quatre ont été touchés par balles, selon Hubertus Andrä. Les enquêteurs se demandent si l'assaillant de Munich a tenté d'attirer le plus de monde possible dans le restaurant rapide où il a ouvert le feu en lançant au préalable une invitation via Facebook. "COEUR LOURD" "(Il) a dit qu'il allait leur offrir ce qu'ils voulaient, pour autant que le prix serait abordable", a précisé Robert Heimberger, chef du bureau d'enquête criminelle de la police bavaroise, ajoutant toutefois que cette information demandait encore à être vérifiée. Trois ressortissants turcs et deux Grecs figurent parmi les morts, selon les ministères des Affaires étrangères, de ces deux pays. Trois Albanais du Kosovo sont également au nombre des victimes, rapporte la presse étrangère. Selon le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, il est trop tôt pour faire un rapprochement avec le massacre de 77 personnes perpétré en Norvège par Anders Behring Breivik le 22 juillet 2011, soit cinq ans jour pour jour avant la fusillade de Munich. S'exprimant pour la première fois en public depuis les événements, la chancelière Angela Merkel a déclaré samedi qu'elle "était en deuil, le coeur lourd" et ajouté que les forces de l'ordre feraient tout leur possible pour assurer la sécurité des lieux publics. Lors d'un appel téléphonique, François Hollande lui "a renouvelé le soutien et la solidarité de la France à l’égard de l’Allemagne", a fait savoir l'Elysée samedi. Vendredi soir, la police avait dans un premier temps dit rechercher trois suspects en fuite, sur la base de témoignages. Mais les autorités ont ensuite privilégié la piste d'un tireur solitaire, qui a ouvert le feu sur un restaurant avant de se diriger vers le centre commercial Olympia, dans le nord de Munich. ADOLESCENT MARTYRISÉ Le chef de la police de Munich a déclaré que les enquêteurs n'avaient pas constaté de similitudes avec l'attaque à la hache commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans lundi dernier en Bavière, qui a fait cinq blessés et a été revendiquée par le groupe extrémiste sunnite Etat islamique. La police a par ailleurs dit examiner une vidéo dans laquelle apparaît le tireur et où l'on entend des échanges d'insultes racistes avec un autre homme. "Nous essayons de déterminer qui a dit quoi", a déclaré un porte-parole. Des indices laissent penser que le tireur a pu être martyrisé par des "adolescents de son âge", a affirmé Thomas de Maizière. Selon la police, il a été victime d'un vol en 2010 et d'une agression en 2012. Lors de la perquisition menée samedi, les policiers ont découvert dans sa chambre la version allemande d'un ouvrage rédigé par un auteur américain et intitulé "Pourquoi les adolescents tuent, dans la tête des tueurs dans les écoles". Les enquêteurs cherchent aussi à comprendre comment l'assaillant s'est procuré une arme alors même que la législation allemande en la matière est l'une des plus restrictives d'Europe, selon le centre de recherche du Congrès américain. Samedi matin, Munich revenait peu à peu à la normale après une suspension des transports en commun et une fermeture des grands axes routiers. (Avec Michelle Martin, Joseph Nasr, Tina Bellon, Andrea Shalal, Christina Amann, Jean-Baptiste Vey à Paris; Eric Faye, Julie Carria, Jean-Stéphane Brosse et Simon Carraud pour le service français)