Neuf nouvelles inédites éclairent l'oeuvre de Marcel Proust
À la mort de Bernard de Fallois en janvier 2018 sont retrouvés dans les archives de l'éditeur et proustien de la première heure sept cartons comprenant des manuscrits de l'auteur de la Recherche. Parmi les pages jaunies, neuf nouvelles dont huit inédites, d'abord destinées à rejoindre Les Plaisirs et les Jours que Marcel Proust fait publier à l'aube de sa vingt-cinquième année. Pourquoi dès lors sont-elles restées si longtemps dans l'ombre? Dans son édition du présent recueil, Luc Fraisse, professeur à l'université de Strasbourg et membre de l'Institut universitaire de France, livre plusieurs hypothèses.
Insatisfaction d'un jeune écrivain ou crainte de représailles
Du côté de l'éditeur, Bernard de Fallois avait déjà exhumé de la succession de Proust deux œuvres inédites, essentielles pour comprendre la Recherche (le roman Jean Santeuil et l'essai Contre Sainte-Beuve, respectivement publiés en 1952 et 1954 chez Gallimard), et se serait donc détourné d'écrits jugés mineurs. Du côté de l'auteur, faut-il présumer de l'insatisfaction d'un jeune écrivain qui suspend parfois sa plume au beau milieu d'une phrase, la laissant inachevée pour l'éternité? Ou comprendre dans cette mise à l'écart la crainte de représailles face à une homosexualité frontalement abordée?
Œuvres de jeunesse, Le Mystérieux Correspondant et autres nouvelles inédites témoignent en effet des tourments de leur auteur face à la découverte de son orientation sexuelle, dont la Recherche sera ensuite emp...