Netanyahu suspend l'interdiction de bus aux Palestiniens

JERUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a suspendu mercredi, quelques heures seulement après son entrée en vigueur, une nouvelle réglementation qui obligeait les travailleurs palestiniens de Cisjordanie employés en Israël à utiliser des bus spéciaux et à passer par un point de contrôle précis pour rentrer chez eux. Le chef du gouvernement, qui a décidé de "geler" cette mesure prise par son ministre de la Défense Moshe Yaalon, doit recevoir dans la journée la porte-parole de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. La nouvelle réglementation plus stricte sur les points de passage entre Israël et la Cisjordanie, que ses partisans défendent pour des raisons de sécurité, était entrée en vigueur ce mercredi. Elle avait été dénoncée comme raciste par les Palestiniens, mais aussi par des hommes politiques, notamment le chef de l'Union sioniste Isaac Herzog, et des groupes de défense des droits de l'homme en Israël. Il y a deux mois, à l'occasion des élections législatives, Netanyahu avait été accusé de propos racistes lorsqu'il avait dit que les citoyens arabes israéliens se rendaient "en masse" dans les bureaux de vote. "Les associations de gauche les amènent avec des autobus", avait-il dit. Après sa nette victoire, il avait présenté des excuses aux Arabes israéliens. "La ségrégation dans les transports publics en Judée et en Samarie est une humiliation gratuite, une souillure pour le pays et ses habitants", a déclaré sur Twitter Isaac Herzog, le chef de l'opposition, en utilisant les noms bibliques désignant les territoires de Cisjordanie. Un responsable israélien a pourtant défendu les nouvelles mesures, affirmant qu'il fallait bien qu'Israël, "pour des raisons de sécurité, contrôle l'entrée et la sortie des travailleurs qui ne sont pas Israéliens, comme le ferait tout autre pays". Un conseiller de Netanyahu a déclaré que le Premier ministre jugeait la nouvelle réglementation "inacceptable". "Il a parlé au ministre de la Défense et il a été décidé de geler cette mesure." Hussein Foukahaa, du syndicat des travailleurs palestiniens, a précisé qu'entre 45.000 et 50.000 Palestiniens détenaient des permis de travail israéliens. Il a ajouté qu'à peu près le même nombre travaillaient dans l'Etat hébreu sans permis. Pour lui, les nouvelles règles étaient "racistes". (Jeffrey Heller avec Dan Williams et Ali Sawafta, Guy Kerivel pour le service français)