Netanyahu relance un projet controversé de colonisation près de Jérusalem

NETANYAHU RELANCE UN PROJET CONTROVERSÉ DE COLONISATION PRÈS DE JÉRUSALEM

JERUSALEM (Reuters) - Benjamin Netanyahu a annoncé mardi la relance du projet israélien de colonisation le plus controversé, qui, selon les Palestiniens, entraînera de fait la scission de la Cisjordanie et l'isolement de Jérusalem-Est et les empêchera de créer un Etat sur un territoire continu.

Six jours avant des élections législatives pour lesquelles il compte sur le soutien des colons et de leurs partisans, le Premier ministre israélien a fait savoir qu'il donnerait son feu vert à la mise en chantier de 3.500 logements pour colons juifs sur un ensemble de collines arides baptisé E-1.

Israël avait gelé ce projet en 2012 en raison des objections soulevées par les Etats-Unis et l'Union européenne, notamment, qui le considéraient comme un obstacle à la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens.

"J'ai donné l'instruction de déposer immédiatement le plan de construction de 3.500 logements à E-1", a déclaré Benjamin Netanyahu, évoquant la première phase du processus. "Cela a été reporté depuis six ou sept ans."

Ce projet E-1 vise à agrandir la vaste colonie de Maale Adumim et à la relier de fait avec Jérusalem, située à un quart d'heure de route.

Nabil Abou Rdainah, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, a déclaré que Benjamin Netanyahu "franchissait toutes les lignes rouges" avec ce projet et il a appelé la communauté internationale à réagir.

Les Palestiniens et la majeure partie de la communauté internationale jugent illégales les colonies juives en Cisjordanie, occupée par Israël depuis la Guerre des Six-Jours en 1967. L'Etat hébreu conteste ce point de vue et les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont fait évoluer leur position à ce sujet.

Le président américain a présenté le 28 janvier un plan de paix qui entérine la souveraineté israélienne sur les colonies de Cisjordanie et propose quatre ans de négociations pour parvenir à la création d'un Etat palestinien morcelé avec une capitale dans les faubourgs est de Jérusalem.

Evoquant l'"opportunité historique" fournie par ce projet de plan de paix, Benjamin Netanyahu s'est déjà engagé à faire appliquer la loi israélienne dans les colonies juives de Cisjordanie et la vallée du Jourdain s'il remporte les élections du 2 mars, ce qui est considéré comme une annexion de fait.

Le Premier ministre israélien a relancé jeudi dernier un autre projet de construction de 3.000 logements pour colons juifs près de Jérusalem-Est, à Givat Hamatos.

Le projet E-1 a une résonance symbolique pour les partisans de la colonisation. En 2005, Benjamin Netanyahu s'était rendu sur place pour lancer sa campagne pour la direction du Likoud. Il avait alors déclaré aux journalistes qui l'accompagnaient que, s'il redevenait Premier ministre, il ignorerait les pressions de la communauté internationale et bâtirait dans ce secteur afin de créer un "Grand Jérusalem" contrôlé par Israël.

(Jeffrey Heller et Ali Sawafta; version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Philippe Lefief)