Le bilan des bombardements s'alourdit à Gaza et en Israël

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller

GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Les centaines de roquettes tirées de la bande de Gaza ont fait trois morts dimanche en Israël, tandis que 12 Palestiniens ont été tués dans la journée par les bombardements israéliens, ont annoncé des responsables des deux camps.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à l'armée de mener des "frappes massives" contre le Hamas et le Djihad islamique à Gaza, après deux jours de violences.

Selon l'armée israélienne, plus de 600 roquettes et missiles ont été tirés depuis vendredi par les groupes palestiniens en direction de villes et villages en Israël, dont 150 ont été interceptés par le système antimissile Dôme d'acier.

Israël a riposté en frappant 260 cibles à Gaza. Selon des responsables palestiniens, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie israéliens ont fait 20 morts depuis vendredi dans l'enclave, dont huit civils.

Le Djihad islamique a dit avoir perdu sept combattants dans la journée de dimanche.

L'armée israélienne a annoncé de son côté avoir tué un responsable du Hamas qui était selon elle chargé de transférer des fonds d'Iran. Il s'agit du premier "assassinat ciblé" mené par Israël depuis cinq ans.

Le Hamas a confirmé que ce responsable, Hamed Ahmed al Khodary, avait été tué par un missile tiré contre sa voiture.

Le bilan s'est aussi alourdi côté israélien, où le son des sirènes et des explosions rythme la vie des habitants depuis deux jours.

Un homme de 58 ans a été tué tôt dimanche matin lorsqu'une roquette a frappé sa maison à Ashkelon. Il s'agissait de la première victime civile israélienne depuis l'offensive de sept semaines menée par Tsahal à Gaza il y a cinq ans.

Un autre tir de roquette a fait un mort dans une usine d'Ashkelon, a annoncé un responsable hospitalier. Selon l'armée, un troisième civil israélien a été tué par un missile antichar tiré contre sa voiture près de la frontière avec Gaza.

CALENDRIER FAVORABLE AUX PALESTINIENS?

Cette flambée de violence a débuté vendredi quand un combattant du Djihad islamique a blessé deux militaires israéliens en bordure de la bande de Gaza.

Le Djihad islamique accuse Israël de ne pas mettre en oeuvre les conditions de précédents accords de cessez-le-feu conclus sous l'égide de l'Egypte pour mettre fin aux violences et alléger le blocus de Gaza.

Les experts israéliens estiment que les groupes radicaux palestiniens pensent pouvoir obtenir cette fois davantage de concessions à la faveur d'un calendrier favorable qui verra Israël célébrer mercredi le Jour de l'indépendance et accueillir dans deux semaines le concours de l'Eurovision à Tel Aviv, où une roquette tirée de Gaza s'est abattue en mars.

"Notre réponse sera plus étendue et plus douloureuse si l'ennemi poursuit son agression", ont menacé le Hamas et le Djihad islamique dans un communiqué commun.

Pour l'heure, Benjamin Netanyahu a choisi de répondre par la fermeté.

"J'ai demandé ce matin aux Forces de défense israéliennes de poursuivre leurs opérations massives contre les terroristes de la bande de Gaza et j'ai également demandé l'envoi de renforts de chars, d'artillerie et d'infanterie aux abords" du territoire palestinien, a dit le Premier ministre dans un communiqué.

Un émissaire des Nations unies a dit travailler avec l'Egypte, traditionnelle médiatrice entre Israël et le Hamas, à la mise en place d'un nouveau cessez-le-feu alors que le mois de jeûne du ramadan va commencer.

"Ce cycle de violence sans fin doit cesser et il faut redoubler d'efforts pour trouver une solution politique", a déclaré l'émissaire onusien Nickolay Mladenov lors d'une visite au Caire.

Les Etats-Unis ont apporté un soutien inconditionnel à Israël en "condamnant fermement" les tirs de roquettes, tandis que l'Iran, allié du Hamas, a dénoncé "l'agression sauvage" de l'armée israélienne à Gaza.

(Arthur Connan, Jean-Philippe Lefief, Tangi Salaün pour le service français)