Netanyahu compare les mandats d'arrêt de la CPI à un nouveau "procès Dreyfus" et juge la Cour "antisémite"

La Cour pénale internationale (CPI) a émis ce jeudi 21 novembre des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, limogé début novembre, pour "crimes contre l'humanité et crimes de guerre". Le Premier ministre israélien a réagi comparant ces mandats d'arrêt à un nouveau "procès Dreyfus" et a jugé la Cour "antisémite".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", selon un communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine juif Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israel rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI], dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël" , ajoute le texte

La CPI a "perdu toute légitimité"

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a de son côté accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ces mandats d'arrêt.

"C'est un jour noir pour [la CPI], qui a perdu toute légitimité à exister et à agir", a-t-il écrit sur son compte X.

Le tribunal de La Haye "s'est comporté comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", ajoute Gideon Saar, pour qui la Cour a émis des ordonnances "absurdes" sans en avoir l'autorité" contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant.

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

Un mandat d'arrêt émis contre le chef de la branche armée du Hamas

Ces deux mandats d'arrêt ont été émis "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins". Soit le "jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a précisé dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Cette décision limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Dans un autre communiqué, la Cour a émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif. La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé 'Deif', pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023". Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé que ces mandats d'arrêt devaient être "respectés et appliqués". "Ce n'est pas une décision politique. C'est une décision d'une cour, d'une cour de justice, d'une cour de justice internationale. Et la décision de la cour doit être respectée et appliquée", a dit Josep Borrell lors d'une conférence de presse à Amman avec con homologue jordanien, Aymane Safadi.

Article original publié sur BFMTV.com