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Net recul en Europe avec le retour de l'aversion au risque

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé jeudi nettement dans le rouge, l'aversion au risque faisant son retour sur les marchés d'actions avec une brusque remontée de la volatilité.

À Paris, le CAC 40 a cédé 1,16% (63,68 points) à 5.407,75 points, sa quatrième baisse consécutive et la plus forte en une séance depuis le 9 août.

Le Footsie britannique a perdu 0,61%, le Dax allemand 1,49%, l'indice EuroStoxx 50 1,16% et le FTSEurofirst 300 1,01%.

L'indice large européen Stoxx 600 a abandonné pour sa part 1,11%, son troisième repli d'affilée et le plus marqué sur une séance depuis le 18 juillet.

Au terme de cette séance agitée, l'indice européen mesurant la volatilité a pris plus de 12%.

Le repli des Bourses s'est accentué après les propos de Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, qui a déclaré que les marchés financiers européens n'étaient pas assez développés pour que la banque centrale puisse recourir indéfiniment à l'assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE).

"Le marché est en train de se dire que la BCE sera peut-être moins accommodante qu'anticipé", a indiqué Alexandre Baradez, analyste marchés chez IG.

Les propos de Benoît Coeuré ont eu pour effet de faire grimper l'euro de 0,3% face au dollar et de faire monter les rendements des emprunts d'Etat de la zone euro, celui du Bund allemand à 10 ans prenant près de 4 points avant de se stabiliser.

La journée avait commencé de manière peu encourageante, le Nikkei à Tokyo perdant autour de 4% en une heure dans une séance très volatile avant de s'apaiser pour finir en baisse de 0,2%.

"On a un schéma assez classique de regain d'aversion au risque : les actions baissent, l'or et les rendements obligataires montent et la volatilité progresse", observe Alexandre Baradez.

"TROIS PHÉNOMÈNES ASSEZ ANORMAUX"

Les places boursières en Europe ont été portées depuis le début de l'année par la confirmation de la vigueur de la reprise économique en dépit de la persistance de risques politiques.

La Commission européenne a relevé jeudi ses prévisions de croissance pour la zone euro comme pour l'ensemble de l'Union européenne mais elle a dit s'attendre à un ralentissement de l'activité en 2019 et a légèrement réduit sa prévision d'inflation pour cette année.

"La faiblesse du jour est à mettre sur le compte de trois phénomènes assez anormaux. Tout d'abord le retournement soudain et violent du Nikkei en séance (...) et ensuite la forte variation des devises (euro/dollar et yen/dollar) et enfin le mouvement brutal sur le rendement du Bund", analysent les experts de Mirabaud Securities.

Tous les indices sectoriels européens ont fini dans le rouge, à commencer par les ressources de base (-2,44%), pénalisées par une baisse des cours des métaux industriels.

Les valeurs technologiques (-2,25%) ont également souffert après une note de Citigroup évoquant un risque de correction sur le secteur des semi-conducteurs en 2018.

Dans ce contexte, STMicroelectronics a perdu 5,64% à Paris, la plus forte baisse du CAC 40.

WALL STREET BAISSE ÉGALEMENT

A Amsterdam, Altice, dont le niveau élevé d'endettement préoccupe les investisseurs, a cédé 9,66%, l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600.

Le titre s'était déjà écroulé de plus de 22% vendredi dernier, les investisseurs s'interrogeant sur la capacité du géant du câble, des télécoms et des médias à regagner des parts de marché en France au vu de ses résultats du troisième trimestre.

Autres baisses spectaculaires, celles du groupe de télévision allemand ProSiebenSat 1, qui a cédé 9,21% après avoir abaissé ses prévisions de résultats annuels, et de Burberry, qui a perdu 9,98% après la publication de résultats inférieurs au consensus et l'annonce d'une réorientation de la stratégie visant à monter en gamme.

A l'heure de la clôture en Europe, les indices de Wall Street baissent de 1%, voire un peu plus pour le Nasdaq, pénalisé lui aussi par un repli des valeurs technologiques.

Le marché actions américain souffre en outre des doutes persistants sur la capacité de Donald Trump à faire adopter rapidement une baisse de l'impôt sur les sociétés.

A New York aussi, la volatilité grimpe puisque l'indice qui la mesure prend plus de 16%.

"Avec les inquiétudes croissantes sur l'adoption de la réforme fiscale, des mouvements à la vente pourraient faire une apparition inopportune, exposant par conséquent les actions mondiales à des risques baissiers", commente Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.

Depuis l'élection de Donald Trump, l'indice S&P-500 a enregistré une progression d'environ 21%, porté par les promesses de campagne du président favorables aux entreprises et au retour de l'inflation.

(édité par Bertrand Boucey)