"On n'est pas prêts": la France fonce-t-elle vraiment dans le mur pour les transports lors des JO?
"On ne va pas être prêts sur les transports" pour les JO. La petite phrase de la maire de Paris Anne Hidalgo, ce mercredi soir dans Quotidien, a fait l'effet d'une bombe parmi les organisateurs des Jeux olympiques. Elle pointe notamment le RER E, censé desservir la porte Maillot, au nord-ouest de Paris. "On est quand même dans une difficulté, déjà, dans les transports du quotidien, et on n'arrive pas à rattraper le niveau de ponctualité, de confort pour les Parisiennes et les Parisiens" affirme Anne Hidalgo.
Des déclarations qui ont déclenché un branle-bas de combat ce jeudi parmi les autres organisateurs des Jeux: ministères des Sports, des Transports, région Ile-de-France... Tous ont multiplié les prises de parole avec un mot d’ordre: "Aucune inquiétude, nous serons prêts".
Dans une vidéo postée sur Instagram ce jeudi, le ministre des Transports Clément Beaune assène: "Mme Hidalgo a choisi la politique de la chaise vide, c'est son droit et je préfère ceux qui agissent, se retroussent les manches et relèvent les défis, à ceux qui sont absents et critiquent ceux qui essaient de réussir".
Des propos qui sont mal passés aussi à la région. Un proche de la présidente Valérie Pécresse est particulièrement agacé: "Anne Hidalgo tire contre son camp, sans parler des reprises dans la presse internationale". Il en est persuadé, la maire de Paris tente une nouvelle diversion pour faire oublier la polémique sur son voyage à Tahiti.
"Il y a eu les SUV, le périph, maintenant ça... Mais on ne fait pas du ping-pong politique, on parle du service public" s'énerve un représentant syndical de la RATP.
"Une vitrine technologique" sur le RER E
Mais au-delà de la bataille politique, sur le fond, y a-t-il des raisons de s’inquiéter de la situation des transports pendant les Jeux? Rappelons-le, Paris 2024 et le gouvernement français ont un objectif: tous les spectateurs viendront sur les sites des épreuves en transports en commun, à vélo ou à pied. En tout cas, sans voiture personnelle.
Les plans de transports sont d’ores et déjà établis, sauf pour les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux, ainsi que pour les paralympiques. Ils doivent être communiqués d’ici le début d’année 2024. Et les organisateurs promettent une hausse de 15% des services de métro et RER pendant les Jeux, comparé à un été classique.
Dans son interview mercredi, Anne Hidalgo dit s'inquiéter pour le RER E. Mais de l'avis général, cette ligne n'est pas du tout majeure dans la desserte des sites olympiques. Et pour cause: cette ligne est en fait un prolongement, jusqu’à la porte Maillot puis Nanterre, où se dérouleront les épreuves de natation. La Défense Arena, qui accueillera ces épreuves, est déjà l’hôte de concerts, et évidemment de matchs du Top14, et est déjà bien desservie par de nombreuses lignes de transport en commun.
"Avec ce RER, l’enjeu est plutôt une vitrine technologique" explique un proche de Valérie Pécresse. Le RER nouvelle génération doit circuler sur cette ligne. Mais ce sera finalement à dose minimale, seulement un train tous les quarts d’heure… en heure creuse! L’objectif, ne surtout pas prendre de risque avec ce nouveau matériel, et éviter de créer des incidents pour le reste de la ligne.
Des lignes de bus pour le Parc des Princes et Roland-Garros
Les critiques d’Anne Hidalgo ne visaient donc pas vraiment un réseau important pour les Jeux. Pourtant, deux sujets ont de quoi donner des sueurs froides aux organisateurs. D'abord, la ligne de métro 14. Cette ligne automatique doit être prolongée de l'aéroport d'Orly, au sud, jusqu'à Saint-Denis, au nord, pas très loin du Stade de France. Une colonne vertébrale qui ne va pas ouvrir avant le mois de juin. A peine un mois avant les Jeux...
Ce prolongement est d’autant plus crucial qu’il va permettre de proposer une autre voie pour atteindre le Stade de France. Le RER B est en grande souffrance et la région compte donc pousser les spectateurs à utiliser d’autres lignes, comme le RER D, les lignes de métro 12, 13… et donc 14, si tout va bien.
Le ministère des Transports assure faire des points très réguliers sur ce chantier, et les étapes sont pour l'instant respectées. D’après les informations de RMC, un point est particulièrement scruté, toutes les deux semaines, par le ministère: la livraison des nouvelles rames, essentielles pour maintenir un trafic suffisant sur cette ligne allongée de plusieurs kilomètres. "Nous restons vigilants" insiste le ministère des Sports.
Deuxième point problématique, avec certainement la zone qui pose le plus de difficultés: l'ouest de Paris. Pour accéder au Parc des Princes et à Roland-Garros, seules deux lignes de métro existent (la 9 et la 10). Et elles ne seront clairement pas suffisantes lorsque des compétitions auront lieu en même temps sur les deux sites. Les supporters du PSG ont déjà beaucoup de mal à atteindre le stade pendant la saison.
Selon nos informations, le ministère des Transports prépare donc un système de navettes de bus, en direction d'autres stations de métro comme Porte Dauphine ou Charles de Gaulle-Etoile. Histoire de soulager les lignes surchargées.