Neige indienne

Dans un monde incertain, Friederike Kretzen superpose deux voyages, dont les protagonistes reviendront l’âme plus ronde

Par son apparence déjà - couverture bleue parsemée aléatoirement de points verts -, le livre de Friederike Kretzen l’Ecole de la route vers l’Inde indique l’ordre dans lequel les événements vont se dérouler : celui d’une tempête de neige. Lieux, temps et personnages se dispersent pour se rassembler dans de nouvelles constellations.

Au départ de Cassel, la route vers l’Inde fait un crochet par Paris. A l’enfance de la narratrice, Véronique, dans l’Allemagne d’après-guerre, vient se superposer le temps insouciant des études à l’époque où les hippies partaient à la conquête du monde. Les étudiants explorent l’Inde et ce premier voyage se dessine en filigrane derrière le voyage entrepris au présent par les adultes bien établis qu’ils sont devenus, smart casual, accueillis à l’ambassade suisse de New Delhi. L’Inde elle-même a de multiples couches. Une double caméra accompagne le présent du voyage, mais celui qui filme n’aspire pas vraiment à une narration linéaire. Place est faite à l’imprévisible qui s’oppose sans cesse aux attentes des voyageurs.

Le lecteur est saisi, puis, entraîné violemment dans un tourbillon, il échoue sur le rivage et reprend à neuf ses esprits.

Un espace inattendu se fraie dans cette intrigue où agissent côte à côte malades, mourants, frivoles ou zélés et, encore et toujours, des enfants, de manière si diverse, si terrible, si belle et effroyable à la fois qu’ils semblent sortis tout droit d’un conte de fées. Il ne faut pas chercher à garder une distance critique avec ce livre. Aussi longtemps que dure la lecture, ouvert à tout, on y est englouti. Y flotte ou s’y noie. Sans cesse surpris.

Danses cosaques. Pour qui veut cependant se repérer dans le monde de Friederike Kretzen, l’effort est de rigueur, l’exercice. Violemment projeté au monde par la mère, montagne en colère, l’enfant s’exerce très tôt à traduire en mots la langue qu’il (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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