"Je ne sais pas comment il a fait": son ex-mari insolvable, elle est forcée de rembourser ses 600.000 euros de dettes
Dans la Sarthe, une femme d'une cinquantaine d'années est sommée de rembourser les 600.000 euros de dettes contractées par son ex-mari aujourd'hui insolvable, dont elle a pourtant divorcé il y a cinq ans.
Quelle ne fut pas la surprise, pour Christelle Gillot, lorsqu'elle a découvert en 2020 qu'elle était fichée à la Banque de France, alors qu'elle s'apprêtait tout juste à se lancer dans la construction d'une maison. Ce jour-là, cette mère de deux enfants apprend que son ex-mari lui a laissé trois crédits sur le dos, et qu'elle est tenue responsable des 600.000 euros de dettes qu'il a contractées, bien qu'ils soient divorcés depuis 2015.
"Je ne sais pas comment il a fait", raconte cette femme à Ouest France. "Un jour la gendarmerie m’a appelée en me parlant d’usurpation d’identité. Des fonds d’origine frauduleuse avaient été versés sur un compte à nos deux noms que je ne connaissais pas".
"ll y a un vide juridique"
Cette habitante de la Sarthe découvre à ce moment-là que son ex-mari, avec qui elle a partagé 25 ans de vie commune, a été accro aux jeux d'argent et qu'il a contracté des crédits dans son dos. Aujourd'hui, cet homme n'a plus à rembourser ses dettes car, sans revenus, il se retrouve en situation d'insolvabilité.
"Les banques se tournent vers moi pour obtenir le remboursement des crédits: 600.000 euros", souffle cette professeure des écoles. De son côté, son ancien mari "est en incapacité de paiement, car il a joué en ligne, il a vécu au-dessus de ses moyens et il a vendu ses maisons sans jamais rembourser les emprunts. Ça me révolte".
"C'est comme si j'étais condamnée à perpétuité alors que je n'ai rien fait. Il y a un vrai vide juridique", dénonce Christelle Gillot.
Les comptes de clients détournés
Pour subvenir aux jeux d'argent auxquels il s'adonnait, ce gérant d'une agence Meilleurtaux.com est allé jusqu'à détourner sur ses propres comptes l'argent que devaient toucher les clients qui avaient demandé un crédit à la consommation. Des faits pour lesquels il a été condamné en novembre 2024 par le tribunal correctionnel du Mans.
Pourtant lors du divorce acté en 2016, Christelle Girot et son ex s'étaient mis d'accord sur un partage des biens chez le notaire: lui s'engageait à conserver deux maisons et les crédits associés, tandis qu'elle gardait une autre maison. Sauf que sans qu'elle le sache, son mari ne s'est jamais occupé de la désolidarisation des crédits.
Par conséquent, la quinquagénaire reste - et ce depuis quatre ans - l'un des deux co-emprunteurs des deux autres maisons que l'homme a arrêté de rembourser. "Sachant que mon ex-époux était cadre bancaire, il devait s'occuper de la désolidarisation des crédits".
"Je n'avais pas pris conscience qu'il était susceptible de ne pas faire ces démarches", raconte-t-elle. "Quand on ne connaît pas le droit, c'est compliqué. Puis, quand on divorce, on veut que ça aille vite".
La quinquagénaire, qui a déposé plainte il y a cinq ans, a été contrainte de mettre en vente sa maison située à Ruaudin pour pouvoir rembourser les dettes de son ex. Elle a écrit à plusieurs députés, dépensé 10.000 euros dans des frais d'avocats pour se défendre... En vain jusqu'alors. Elle regrette de n'avoir plus "rien à léguer à ses enfants". "C'est ce qui est le plus dur pour moi", confie-t-elle.