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Ne pas augmenter le Smic est-il vraiment une bonne chose pour l'économie ?

Un groupe d'experts recommande de ne pas revaloriser le Smic en dehors de l'augmentation mécanique liée à l'inflation.
Un groupe d'experts recommande de ne pas revaloriser le Smic en dehors de l'augmentation mécanique liée à l'inflation.

Comme chaque année avant le 1er janvier, un groupe d’experts a rendu ses conclusions sur le Smic. Il estime qu’il ne faut pas lui donner de “coup de pouce” et se contenter d’une hausse mécanique.

Le groupe d’experts du Smic - consulté avant chaque revalorisation du 1er janvier - a rendu, jeudi 5 décembre, un rapport dans lequel il recommande de ne pas donner de “coup de pouce” au Smic. Ces spécialistes conseillent au gouvernement de s’en tenir à la revalorisation automatique, calculée en fonction de l’inflation que subissent les 20% de ménages aux revenus les plus bas et de la moitié du gain du pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE).

Cet avis n’est pas une surprise pour Henri Sterdyniak, économiste et animateur des Économistes atterrés. “Ils n’ont jamais préconisé la hausse du Smic” puisqu’ils “pensent que le haut niveau du salaire minimum est un frein à l’embauche”, commente-t-il. Depuis sa création en 2008, ce groupe a toujours conseillé de s’en tenir à la hausse mécanique, comme le rappelle L’Express.

Distinguer aide sociale et salaire

Dans son rapport, le panel d’économistes explique que la hausse de la prime d’activité mise en place en 2019 “a davantage contribué à réduire la pauvreté qu’un relèvement du Smic de la même valeur”. “Ce sont deux choses très différentes !”, estime de son côté Henri Sterdyniak.

La prime d’activité est une prestation d’assistance alors que le Smic est un salaire, donc un droit. Il reconnaît le travail”, nous précise l’économiste. Si le groupe d’experts a fait cette recommandation, c’est parce qu’il y voit un gros avantage financier : “la prime d’activité est payée par l’État et non par les entreprises”, commente Henri Sterdyniak. “Mais en parallèle, certains disent que ces aident coûtent ‘un pognon de dingue’”, poursuit-il, faisant référence à la phrase lâchée par Emmanuel Macron en juin 2018 au sujet des aides sociales.

Pour l’animateur des Économistes atterrés, la solution pour combattre la pauvreté des travailleurs vient non seulement de l’augmentation du Smic, mais aussi de la lutte contre les contrats précaires, “la sous-traitance et les temps partiels subis”.

Pas de lien avec l’économie mondiale ?

Pour justifier ses recommandations sur l’absence de “coup de pouce” du Smic, les experts mettent aussi en avant le ralentissement de la conjoncture internationale. Un argument bien vite balayé par Henri Sterdyniak, pour deux raisons. D’abord, pour lui, “quand la croissance mondiale ralentit, il faut plutôt soutenir l’activité, faire des dépenses”.

D’autre part, il fait valoir le fait que les entreprises les plus victimes du ralentissement de l’économie mondiale sont celles qui exportent. “Or, généralement, elles ne paient pas leurs salariés au Smic”, nous explique-t-il. “Très souvent, le salaire minimum revient aux employés du secteur du service à la personne, aux techniciens de sol, aux caissiers, aux manutentionnaires dans la grande distribution…” énumère Henri Sterdyniak, “donc des emplois peu concernés par la baisse de croissance mondiale”. Et de conclure : “de toute façon, on ne lutte pas contre le ralentissement en diminuant les salaires”.

Reste à savoir si le gouvernement écoutera les recommandations du groupe d’experts, alors que la tension est déjà à son comble sur d’autres sujets sociaux, comme la réforme des retraites.

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