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Pour ne plus entendre parler du Covid, ils sont prêts à tout

Ne plus en parler, mettre de la musique quand le sujet arrive, annuler les dîners entre amis, toutes les stratégies sont bonnes pour éviter de parler de la pandémie.

COVID - Qui n’a pas peur? Qui n’est pas inquiet de la situation actuelle ou de cette pandémie de coronavirus dont on ne semble pas voir la fin? Pour certains, cette peur s’exprime par de la colère; ils se sentent menacés de toutes parts. D’autres éprouvent le besoin de fuir, de faire l’autruche pour s’offrir un peu de répit....

La quatrième vague, les débats sur les vaccins, le pass sanitaire et ses oppositions. Le Covid menace notre santé physique, mais aussi notre bien-être. La pandémie est partout, elle nous suit et les stratégies d’évitement rythment désormais notre quotidien.

Depuis la troisième vague, Thomas, 27 ans, fait des crises d’angoisse “plusieurs fois par semaine”. C’est la première fois qu’il vit ce type d’épisodes. “Elles arrivent en soirée, après le travail”, confie le jeune homme qui travaille dans un centre de vaccination de l’est de la France.

“C’est devenu un sujet tabou avec mes amis”

Toute la journée, il garde la tête dans le guidon: “je suis très concentré, je fais les choses vite et bien. J’éprouve du plaisir à travailler là-bas, je suis dans un lieu qui lutte contre l’épidémie, ça me donne un boost de motivation quand j’y pense”.

Mais quand la pression retombe, ses pensées le rattrapent. Le jeune homme a très mal vécu les différents confinements. Et depuis qu’il a commencé à travailler dans ce centre de vaccination, même s’il se sent utile, il commence à perdre espoir. “Est-ce qu’on va s’en sortir un jour? Est-ce qu’on vivra toujours dans la crainte?”, se demande-t-il.

Alors dans les rares moments qu’il passe avec ses amis, Thomas ne parle jamais du Covid. “C’est un sujet tabou. On ne se l’est pas dit clairement, mais on n’en parle pas. Ça s’est fait naturellement.” Et Thomas a besoin de cet espace pour sortir la tête de l’eau. Notamment parce qu’il voit de moins en moins ses proches. “On n’est pas vraiment à l’aise, on n’est plus à 100% dans le moment. Il y a la peur d’être contaminé, la peur de contaminer. On ne fait plus des soirées comme avant.”

“Quand tu sors, tu n’es jamais tranquille”, confirme Nadine. À 45 ans, cette journaliste bordelaise tente, elle aussi, de préserver sa bulle sans Covid coûte que coûte. En juillet, elle a préféré se passer d’un dîner “prévu de longue date” avec une amie pour cette raison. “Je savais qu’on allait forcément parler du Covid à un moment ou à un autre, alors j’ai annulé.”

“Je sature”

Cela peut sembler définitif, mais elle a pris cette décision après une séance avec sa thérapeute. “Je lui ai demandé si c’était légitime d’interdire aux gens autour de moi d’en parler. Elle m’a rassurée et m’a dit que beaucoup de ses patients ressentaient le même besoin et qu’il ne fallait pas hésiter à le formuler.”

Même si elle a peur de passer pour “un dictateur” auprès de ses proches, elle change les habitudes de sa famille. “Normalement, nous dînons devant les infos, mais je change désormais de chaîne, sauf s’ils y tiennent parce que tel ou tel reportage les intéressent.”

Malgré ses efforts, elle n’a pas pu éviter d’en parler avec sa sœur et son beau-frère venus lui rendre visite récemment. Un moment d’autant plus délicat, que cet homme refuse de se faire vacciner. “Je suis restée silencieuse pendant toute la conversation puis j’ai dit ‘chacun ses choix’ et la discussion s’est arrêtée là, nous sommes passés à autre chose.”

Audrey, 32 ans, qui travaille à Paris, enfonce ses écouteurs au creux de ses oreilles dès qu’elle entend quelqu’un parler du Covid. “Je me mets dans ma bulle”, explique-t-elle, comme on parlerait d’un réflexe de survie. “Dès que je vois un article passer sur le Covid, je ferme la page sur laquelle j’étais et je vais de moins en moins sur les réseaux sociaux.”

La trentenaire attend avec impatience et inquiétude sa deuxième dose de vaccin, elle qui n’a qu’une hantise d’ici là: attraper le Covid. Audrey, comme Nadine et Thomas, se sent ”épuisée”. “J’étais extrêmement stressée à l’idée de me faire vacciner, je me suis énormément renseignée avant, et depuis que je l’ai fait (début juillet, NDLR), j’ai tout coupé. Je ne regarde plus les infos alors qu’avant, le soir, j’avais pour habitude de laisser BFMTV en fond. Mais là, clairement, je sature, je deviens limite hypocondriaque.”

Un été le plus loin possible du Covid

Mais toutes les situations ne se règlent pas aussi facilement qu’en éteignant la télévision. “En août, j’irai en vacances chez mes parents, raconte Audrey, je suis sûre qu’on en parlera. J’angoisse déjà d’entendre ma mère dans ses délires anti-vaccins et complotistes.”

Après ce séjour familial, elle s’envolera pour la Croatie avec des amis et espère bien chasser le Covid de ses pensées. Pour Nadine, l’équation sera plus difficile, elle aimerait pouvoir avoir l’esprit tranquille pendant ses vacances, mais sans entrer dans la confrontation au sujet du Covid. “Je me dis qu’il faudrait que j’appelle le camping que nous avons réservé en août, mais je n’ose pas. J’aimerais savoir s’il y a un contrôle du pass sanitaire à l’entrée”, s’inquiète-t-elle.

Pour Thomas, les conséquences de son anxiété se font sentir aujourd’hui. “Je n’arrive pas à prévoir quoique ce soit. Je ne pars pas en vacances cet été, je ne sais pas si ça en vaut la peine.” Mais il reste motivé par sa mission. “Je reste focus sur l’objectif, vacciner et protéger les gens aussi vite que possible.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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