"Je ne suis pas en colère": un photojournaliste agressé à Reims témoigne avant le procès des accusés
Malgré les séquelles qui le suivront à vie, Christian Lantenois n'est "pas en colère". Le procès des agresseurs présumés du photojournaliste, violemment attaqué en 2021 après avoir pris des photos dans un quartier sensible de Reims, s'ouvre ce lundi 30 septembre.
Christian Lantenois, désormais handicapé à 80%, s'est présenté à l'audience avec son épouse et une vingtaine de journalistes de son quotidien régional, L'Union, venus lui apporter leur soutien. Une dizaine de jeunes hommes avaient été mis en examen pour leur participation, la plupart étant mineurs au moment des faits.
Un an à l'hôpital
Huit vont être cités comme témoins. Ils seront jugés plus tard pour "participation à un regroupement en vue de la préparation de violences", deux devant le tribunal correctionnel et six devant la justice des mineurs. Les deux principaux suspects, âgés de 19 et 25 ans, seront quant à eux jugés pour tentative de meurtre jusqu'à jeudi devant la cour d'assises de Reims.
Le 27 février 2021, venu couvrir les apparents préparatifs d'une rixe dans le quartier prioritaire Croix-Rouge, le photographe avait été pris à partie par un groupe de 13 personnes, alors qu'il se trouvait près de sa voiture floquée du logo du journal.
Les accusés ont dit aux enquêteurs s'en être pris au journaliste après qu'il a tenté de prendre des photos d'eux quand ils étaient rassemblés dans la perspective d'une bagarre avec des jeunes d'un quartier rival. Frappé à plusieurs reprises à la tête et laissé pour mort sur la chaussée, le crâne fracturé, Christian Lantenois avait passé quatre semaines dans le coma, puis un an à l'hôpital.
Une partie de son cerveau a été touchée lors de l'agression: "C'est la zone frontale. Toute une partie qui concerne les réflexes et la concentration. Je n'ai plus d'initiatives personnelles", a-t-il déclaré à France Bleu en amont du procès.
"Je pense que justice sera faite"
Sa femme Jocelyne, a aussi affirmé qu'il n'était plus le même depuis cette attaque. "Avant, Christian avait une personnalité forte. Il faisait tout. Maintenant, il ne fait plus rien tout seul, je suis à l'initiative des choses. Le moindre petit geste du quotidien comme prendre sa douche ou déjeuner, il ne le fait pas. C'est moi qui impulse, il n'a plus le déclic", a-t-elle expliqué à France Bleu.
Le procès se déroulera avec publicité restreinte, "en raison des représailles dénoncées ou craintes par certains protagonistes", a fait savoir la présidente à l'ouverture lundi.
"J'appréhende bien ce procès", a de son côté déclaré Christian Lantenois, 69 ans, à France Bleu. "Je pense que justice sera faite. Je ne suis pas en colère et je n'ai pas grand-chose à dire là-dessus".
Sa femme non plus ne "veut pas perdre (son) temps à haïr quelqu'un". Elle estime toutefois que le procès "boucle ce qui est arrivé". "On va continuer la vie que l'on a, même si ce n'est pas ce que l'on avait prévu comme retraite. Il s'est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment", déplore-t-elle.