NBA: Wembanyama, Gobert, Coulibaly, Fournier… Quel bilan pour nos Français à sept mois des JO?
Nicolas Batum a vite digéré
35 ans, Los Angeles Clippers puis Philadelphie Sixers
Ses stats cette saison: 5,7 points par match, 3,7 rebonds, 2,2 passes en 24 minutes
Du haut de ses 15 années d’expérience dans la Grande Ligue, il est le plus expérimenté de nos représentants tricolores. Après trois saisons complètes aux Los Angeles Clippers, Nicolas Batum a quitté la Californie pour poser ses bagages à Philadelphie. Échangé (avec Marcus Morris, Robert Covington et des choix de draft) contre James Harden, l’ancien Manceau a d’abord accusé le coup. "J'ai été surpris quand même, je ne m'y attendais pas du tout", confiait-il auprès de First Team quelques jours après son transfert. "Je l'ai appris en me réveillant, c'est Aurélie (sa compagne, NDLR) qui me l'a dit à 6h du matin, ça s'est fait à 23h à L.A. C'était une grosse surprise, un gros choc. C'est la dure loi du côté business de la NBA, ce n'est pas évident à gérer."
Une fois cette nouvelle digérée, Batum a pu apporter à Philadelphie tout ce qu’il faisait de bien aux Clippers: de la polyvalence, de la défense et une propension à fluidifier le jeu collectif. Sans afficher de statistiques ronflantes, il s’est fait une belle place dans la rotation. Régulièrement présent dans le cinq majeur, il est le sixième joueur le plus utilisé de l’effectif. Dans le sillage d’un Joel Embiid toujours aussi monstrueux, les Sixers sont troisièmes de la Conférence Est et se positionnent comme candidats au titre.
Bilal Coulibaly creuse son trou
19 ans, Washington Wizards
Ses stats cette saison: 8,9 points, 4 rebonds, 1,8 passe, 1 interception en 27 minutes
Bilal Coulibaly poursuit son ascension fulgurante. Cantonné à l’équipe espoirs de Boulogne-Levallois il y a un peu plus d’un an, l’ancien coéquipier de Victor Wembanyama aux Metropolitans 92 est déjà parvenu à se faire une place en NBA. À seulement 19 ans, le 7e choix de la dernière draft profite du marasme des Washington Wizards, l’une des pires franchises de la ligue (5 victoires, 24 défaites) pour se montrer. Dans un rôle en sortie de banc (une seule présence dans le cinq majeur en 28 rencontres disputées), Coulibaly est déjà le cinquième joueur le plus utilisé par Wes Unseld Junior, son coach.
En 27 minutes de moyenne par match, le sixième homme attitré des Wizards étale toute sa polyvalence et est régulièrement envoyé en mission défensive sur les stars adverses. En attaque, même s’il est très peu utilisé, le longiligne arrière-ailier (2,03m) s’est déjà signalé par quelques belles prestations offensives (16 points le 12 décembre, 17 points deux jours plus tard). "Personnellement, j’espère avoir un peu plus le ballon pour pouvoir montrer ce que je peux faire avec la balle en main", soufflait-il auprès de Basket USA en fin de semaine dernière. "Je sais aussi que ça va sûrement arriver petit à petit… Pour ça, il faut que je gagne la confiance du coach. C’est ce que j’essaie de faire et on verra comment ça va évoluer dans les prochains mois."
Evan Fournier au placard
31 ans, New York Knicks
Ses stats cette saison (un seul match joué): 2 points, 1 rebond, une passe en 16 minutes
La longue traversée du désert continue pour Evan Fournier. Meilleur marqueur français de NBA pendant de nombreuses saisons, l’ancien joueur du Orlando Magic est toujours mis au placard par l’inflexible Tom Thibodeau. La saison dernière, le coach des Knicks a décrété que son équipe était plus efficace sans le Français et il n’a visiblement pas changé d’avis. Après n’avoir joué que 27 matchs en 2022-2023, Fournier s’est contenté d’une seule apparition sous le maillot des Knicks cette saison, le 18 novembre face à Washington. "J'ai beaucoup de respect pour Evan Fournier, mais il est difficile de contester un bilan de 37-22 (après l'avoir retiré du cinq majeur lors de la saison 2022-2023) et un meilleur Net Rating (le différentiel de points marqués et encaissés)", argumentait Thibodeau en conférence de presse avant le début de saison.
Pour Fournier (31 ans), sous contrat jusqu’en 2025, la situation devient de plus en plus urgente. Son nom continue d’apparaître dans les rumeurs de transfert, même si son important salaire (environ 19 millions de dollars par saison) est un frein pour les équipes potentiellement intéressées. Alors que les Jeux olympiques approchent à grands pas, les Knicks ont jusqu’au 8 février (date limite des transferts) pour lui trouver une porte de sortie.
Rudy Gobert au sommet de son art
31 ans, Minnesota Timberwolves
Ses stats cette saison: 12,7 points, 12 rebonds, 2,2 contres en 32 minutes
La saison de la rédemption. Après un exercice 2022-2023 ô combien frustrant, Rudy Gobert s’éclate sous le maillot des Minnesota Timberwolves. Arraché au Utah Jazz à l’été 2022 dans l’espoir de faire passer un cap à la franchise basée à Minneapolis, le pivot de 31 ans est en train d’accomplir sa mission. Après 29 matchs, les Wolves occupent tout simplement la première place de la Conférence Ouest. Et si les coéquipiers d’Anthony Edwards et Karl Anthony Edwards sont actuellement la meilleure défense de la ligue au defensive rating (nombre de points encaissés pour 100 possessions), c’est essentiellement grâce à l’ultra-domination du géant français dans la raquette.
Déjà élu trois fois meilleur défenseur de NBA (2018, 2019, 2021), il est évidemment dans la discussion pour recevoir de nouveau cette distinction à la fin de la saison. Au regard de ses performances et du classement de son équipe, il peut aussi prétendre à une quatrième sélection au All Star Game. "C'est fort possible que je fasse la meilleure saison de ma carrière", a-t-il clamé beIN Sports il y a une dizaine de jours. "Je suis à un niveau auquel je n'ai jamais été auparavant. En termes d'impact sur une équipe, c'est sûrement ma meilleure saison."
Killian Hayes dans la pire série de l'histoire
22 ans, Detroit Pistons
Ses stats cette saison: 9,1 points, 3,1 rebonds, 4,4 passes en 26 minutes
Au moins, il n’était pas sur le parquet dans la nuit de mardi à mercredi pour le record de la honte. Alors que sa franchise vient d’enchaîner une 27e défaite consécutive, soit la pire série de toute l’histoire de la NBA, Killian Haye (malade pour le match face aux Brooklyn Nets dans la nuit de mardi à mercredi) vit une nouvelle saison contrastée sous le maillot des Pistons. Parfois titulaire, parfois remplaçant, le 7e choix de la draft 2020 garde la confiance de son coach (il est le cinquième joueur le plus utilisé) mais ne parvient pas à trouver son rythme de croisière.
Excellent par séquence (trois matchs à plus de 20 points depuis le début de la saison), il manque encore de régularité, même si son efficacité au shoot (42,4%, dont 30% à trois points) est en progression par rapport à la saison dernière (37,7% et 28%). Dans sa dernière année de contrat, il pourrait représenter une monnaie d’échange intéressante pour des Pistons en quête de joueurs d’expérience et être au centre des rumeurs de transfert dans les semaines à venir.
Victor Wembanyama seul contre tous
19 ans, San Antonio Spurs
Ses stats cette saison: 18,3 points, 10,6 rebonds, 2,8 interceptions, 3 contres en 30 minutes
L’impact entre la terre promise et la nouvelle météorite du basket mondial a enfin eu lieu. Rookie le plus attendu depuis LeBron James il y a 20 ans, Victor Wembanyama achève ses deux premiers mois en NBA. Et le bilan est plutôt contrasté. Si le prodige tricolore fait le boulot individuellement, il n’arrive pas à guider les Spurs vers la victoire. Meilleur marqueur, rebondeur, intercepteur et contreur de son équipe, "Wemby" est loin devant tous les autres rookies de sa cuvée d'un point de vue statistique. Seul Chet Holmgren (Oklahoma City Thunder) semble en mesure de tenir le rythme.
En défense, son imposante carcasse (2,22m sans les chaussures) fait déjà beaucoup d’ombre dans les raquettes. Avec trois contres par match, il est tout simplement le meilleur de toute la ligue dans cet exercice. Mais le Français a mis les pieds dans une équipe qui affichait le 28e pire bilan (sur 30) la saison dernière, une formation en totale reconstruction dont l’ossature n’a absolument pas changé à l’intersaison. Aux côtés de Wembanyama, aucun joueur ne présente le profil d’une star en devenir, un lieutenant capable d’épauler le Français dans sa conquête de l’Amérique. Et ça se ressent sur les résultats. Les Spurs, derniers de la Conférence Ouest (4 victoires, 25 défaites) ont notamment enchaîné 18 défaites consécutives (pire série de l’histoire de la franchise) entre le 5 novembre et le 14 décembre.
Et aussi…
Dans des rôles moins importants, plusieurs autres Français évoluent outre-Atlantique cette saison. Dans l’effectif du Oklahoma City Thunder, l’une des belles histoires de ce début de saison régulière (3e de la Conférence Ouest), Ousmane Dieng parvient à tirer son épingle du jeu. 11e choix de la draft 2022, l’ailier de 20 ans a fait 18 apparitions sous le maillot du Thunder, pour une moyenne de 11 minutes par match (4,3 points). Sa polyvalence sur les ailes est particulièrement appréciée. Dans la même équipe, Olivier Sarr doit pour l’instant se contenter de miettes (7 matchs, 9 minutes de moyenne), malgré une pointe à neuf rebonds le 31 octobre.
Draftés cette année derrière Wembanyama et Coulibaly, Rayan Rupert (36 minutes au total avec les Portland Trail Blazers) et Sidy Cissoko (21 minutes avec les Spurs) sont également contraints de ronger leur frein et de faire leurs armes en G-League (l’anti-chambre de la NBA), même si Cissoko est rentré sur le parquet lors des trois derniers matchs des Spurs (19 minutes au total).
Un peu plus expérimenté, Théo Maledon a signé aux Phoenix Suns il y a une dizaine de jours après avoir été libéré par les Charlotte Hornets, mais il n’a pas encore joué sous ses nouvelles couleurs. Enfin, Frank Ntilikina (Charlotte Hornets), victime d’une fracture du tibia fin octobre lors d’un match de pré-saison, est toujours à l’infirmerie. Il pourrait faire son retour en janvier.