"Si je n'avais pas tourné la tête": Trump revient sur sa tentative d'assassinat lors d'une conversation avec Musk
Elon Musk et Donald Trump ont organisé une conversation publique de plus de deux heures ce lundi 12 août sur X (ex-Twitter). Un échange qui a permis à l'ancien président et candidat républicain de revenir sur sa tentative d'assassinat et de recycler ses thèmes de campagne.
Une tribune pour Donald Trump. Le candidat républicain à la présidentielle américaine a pu, grâce à Elon Musk qui organisait une conversation publique sur son réseau social ce lundi 12 août, revenir sur sa tentative d'assassinat survenue le 13 juillet. "Si je n'avais pas tourné la tête, je ne vous parlerais pas en ce moment, même si je vous aime beaucoup", a déclaré Donald Trump, selon des propos rapportés par l'agence de presse américaine Associated Press.
"Quand je me suis levé devant la main, devant le poing levé, ils ne savaient pas si j'étais vivant. Personne ne le savait. Et quand j'ai levé le poing, ils étaient soulagés, heureux et ravis, et l'endroit est devenu fou", a-t-il raconté d'après ABC News.
Le propriétaire de X et de Tesla en a profité pour vanter la fermeté de l'ex-président, un élément qu'il juge essentiel pour la sécurité nationale.
"Il y a des gens vraiment coriaces", a-t-il ajouté. "Et s'ils ne pensent pas que le président américain est coriace, ils feront ce qu'ils veulent."
Cette conversation, qui a été entachée de problèmes techniques, a aussi été l'occasion pour les deux hommes d'échanger un florilège de théories radicales. Le patron du réseau social, également aux manettes de Space X, avait promis un moment "très divertissant".
Il a surtout permis à Donald Trump de recycler ses thèmes de campagne en présence d'un interlocuteur amical, déterminé à ne pas le contredire. Pendant deux heures, les deux milliardaires sont apparus comme deux camarades discutant dans un bistro, sans jamais s'opposer.
"La plus grande déportation de l'histoire"
L'ancien président américain s'est attaqué à l'immigration clandestine en promettant une nouvelle fois "la plus grande déportation de l'histoire" des États-Unis et en affirmant faussement que l'afflux massif de migrants sous l'administration Biden a fait augmenter la criminalité.
"Nous avons des gens qui affluent comme si c'était une (...) apocalypse zombie", a acquiescé Elon Musk, qui a longtemps eu une relation compliquée avec Donald Trump mais le soutient publiquement depuis la tentative d'assassinat contre lui en juillet dernier.
Le géant de la tech en a profité pour cataloguer Kamala Harris, nouvelle concurrente du milliardaire républicain Trump dans la course à la Maison Blanche, comme une candidate "d'extrême gauche". À la peine pour contrer l'enthousiasme généré par l'entrée en lice de la vice-présidente américaine, Donald Trump a remis en cause sa légitimité.
Le renoncement de Joe Biden, plombé par les doutes sur sa santé, "était un coup d'État", a fulminé le tribun de 78 ans.
"J'ai besoin d'un Elon Musk"
Donald Trump a par ailleurs accueilli favorablement l'idée qu'Elon Musk rejoigne sa prochaine administration, s'il est élu, en faisant partie d'une éventuelle "commission d'efficacité gouvernementale".
"Vous êtes le meilleur réducteur de coûts", a-t-il complimenté en référence à la vague de licenciements qu'il a imposées chez X. "J'ai besoin d'un Elon Musk - j'ai besoin de quelqu'un qui a beaucoup de force, de courage et d'intelligence. Je veux fermer le ministère de l'Éducation et renvoyer l'éducation aux États fédérés".
Le candidat républicain a aussi ironisé sur le changement climatique, en expliquant que la montée des océans se traduira par "plus de propriétés en bord de mer". Ce qui ne l'a pas empêché de louer les voitures électriques Tesla produites par son interlocuteur, qu'il trouve "incroyables", tout en continuant de défendre les énergies fossiles.
Il en a profité pour vanter ses relations avec des dirigeants autoritaires comme le président russe Vladimir Poutine ou le Nord-Coréen Kim Jong Un. S'il revient au pouvoir, les États-Unis seront plus en sécurité sur la scène mondiale, a-t-il promis.
"Je pense que les gens sous-estiment le risque d'une troisième guerre mondiale", a complété Elon Musk.
À moins de trois mois de l'élection présidentielle, lepatron de Tesla a conclu en dramatisant les enjeux du scrutin. "Je pense que nous sommes à un tournant du destin de la civilisation et je pense que nous devons prendre le bon chemin", a-t-il confié à Donald Trump. "Et je pense que vous êtes le bon chemin".
Une cyberattaque selon Elon Musk
La discussion a été écoutée par plus d'un million d'utilisateurs en direct, sur une plateforme de laquelle Donald Trump avait été banni après l'invasion du Capitole à Washington le 6 janvier 2021.
Elle a débuté avec plus de 40 minutes de retard, à cause de problèmes techniques présentés par Elon Musk comme une cyberattaque. Le milliardaire a évoqué "une attaque DDOS massive", dite de déni de service, destinée à embouteiller les serveurs de l'entreprise pour provoquer une panne.
"Cette attaque massive illustre l'opposition de beaucoup de gens à entendre simplement ce que le président Trump a à dire", lorsque l'échange a finalement démarré.
Embarrassant, l'épisode a rappelé le fiasco déjà subi par X lors de l'entrée en campagne de l'ex-candidat républicain Ron DeSantis, diffusée sur la plateforme et plombée par des problèmes techniques.
Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk -qui l'a renommé X et a permis à Donald Trump d'y réactiver son compte -, la plateforme est mise en cause pour son laxisme face à la désinformation. Ses détracteurs l'accusent aussi d'être devenue un porte-voix pour la droite radicale.
À quelques heures de l'échange, le commissaire européen au numérique Thierry Breton a mis en garde Elon Musk, lui adressant un courrier pour lui rappeler ses obligations de modération.