Naufrage en Sicile: l'histoire de Harrison Okene, pris au piège trois jours dans une poche d'air sous la mer

Pour le troisième jour consécutif, des équipes de plongeurs s'affairent ce mercredi 21 août dans les eaux siciliennes pour tenter de retrouver les six personnes disparues après le naufrage du yatch de luxe, le "Bayesian". Alors qu'un corps a été localisé dès le lundi, jour du drame, les espoirs de trouver des survivants s'amenuisent d'heure en heure.

Une lueur vient toutefois éclairer ce sombre tableau: celle de l'histoire de Harrison Okene qui en 2013 a été retrouvé vivant après avoir passé trois jours à 30 mètres sous l'eau, piégé après le chavirage de son bateau.

Ce Nigérian, cuisinier d'un remorqueur qui naviguait au large des côtes du Nigeria avant d'être pris dans une tempête, a survécu grâce à une poche d'air. Soit une certaine quantité d'air emprisonnée sous l'eau.

Si rien n'est certain, certains experts ont fait remarquer que les yachts tels que le Bayesian étaient conçus avec des portes étanches pouvant créer de telles poches d'air. Laissant ainsi une chance de survie pendant un certain temps.

"Il y a eu des cas de survivants dans ce genre de poches d'air", a rappelé Jean-Baptiste Souppez, expert britannique en ingénierie et membre de la Royal Institution of Naval Architects, dans un commentaire fourni par l'agence britannique Science Media Centre. Il faisait ainsi référence à Harrison Okene.

Trois jours avec pour seule provision une canette de Coca

Le 26 mai 2013, le navire à bord duquel se trouvait le Nigérian de 29 ans a chaviré, s'est rempli d'eau et coulé en quelques instants en raison d'une tempête. Un schéma similaire à ce qui semble être arrivé au voilier du magnat britannique Mike Lynch qui figure parmi les disparus.

En un éclair, Harrison Okene s'est retrouvé dans cette fameuse poche d'air, a-t-il raconté dans un documentaire diffusé par Canal + en 2023. Il a alors entendu à travers les parois du navire ses compagnons de voyage se noyer, puis le froid des profondeurs le pénétrer, l'air se raréfier ou encore "les crustacés s'attaquer à lui comme s'il était déjà mort", écrit Canal+ dans la présentation de son documentaire. Plongé dans le noir, Harrison Okene, avait pour seule provision une canette de Coca-Cola.

Après avoir déjà trouvé quatre corps, les plongeurs à la recherche des autres membres de l'équipage ne s'attendaient pas "à trouver quelqu'un en vie", a relaté Tony Walker, le chef de l'opération de sauvetage, à la chaîne américaine ABC News.

"Un plongeur a vu une main et a pensé qu'il s'agissait d'un autre corps. Mais quand il a voulu l'attraper... C'est elle qui l'a saisi!", a-t-il ajouté.

Alors qu'il n'avait aucune expérience et qu'il était très affaibli physiquement, Harrison Okene a enfilé du matériel de plongée et à traverser l’épave avant d'être remonté à la surface. "Au total, l’opération de sauvetage aura duré trois heures et mobilisé trois plongeurs simultanément, sans compter l’assistance de l’équipage", est-il précisé par Canal+.

Si les opérations de recherche sont difficiles autour du Bayesian, en raison du mobilier qui en obstrue l'entrée et de sa position - couché sur le flanc droit à environ 50 mètres sous la surface -, "la vitesse à laquelle le navire a coulé et le fait qu’il soit resté intact et sur le flanc pourraient favoriser la formation de petites poches d’air à l’intérieur", explique Jean-Baptiste Souppez.

"Il s'agit évidemment d'une hypothèse. Il est tout simplement impossible de prédire si des poches d'air se sont formées sur le Bayesian", a-t-il toutefois ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com