Naufrage à Calais: la classe politique dénonce "l'horreur" du drame
POLITIQUE - À l’unisson, la classe politique française a dénoncé “le drame”, la “tragédie” après la mort de plus d’une vingtaine de migrants au large de Calais, alors qu’ils tentaient de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre sur une embarcation de fortune. Au-delà de l’émotion, deux visions s’affrontent.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a été le premier à communiquer sur le terrible naufrage. Après avoir fait part de sa “forte émotion”, il a dénoncé le “caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées.” Un thème repris par le Premier ministre Jean Castex et d’autres représentants de la majorité, mais aussi par plusieurs personnalités de droite, dont le président de la région Hauts-de-France et candidat à l’élection présidentielle, Xavier Bertrand, ou son rival à la primaire LR, Eric Ciotti.
“Pour mettre un terme à ces drames, il faut encore renforcer les moyens pour briser les réseaux de passeurs, ces criminels qui exploitent la misère”, a tweeté le premier. Tandis que le second dénonçait la “responsabilité écrasante” des “passeurs et leurs complices”, en profitant pour appeler à “stopper” l’“immigration massive irrégulière”.
Le naufrage survenu dans la Manche est une tragédie.
Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère.
Je suis la situation en temps réel.@GDarmanin se rend sur place.— Jean Castex (@JeanCASTEX) November 24, 2021
Profonde émotion et colère après le naufrage d’une embarcation à #Calais. Pour mettre un terme à ces drames, il faut encore renforcer les moyens pour briser les réseaux de passeurs, ces criminels qui exploitent la misère.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) November 24, 2021
Inclinons nous devant la mémoire des victimes de ce tragique nauffrage dans la Manche. Leur vie a été arrachée par ceux qui ont une responsabilité criminelle dans l'organisation de ces trafics d'êtres humains.
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) November 24, 2021
Chaque disparition en mer est une tragédie et les passeurs ont du sang sur les mains. Ce trafic d'êtres humains doit cesser.
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) November 24, 2021
L’insistance sur les passeurs est loin d’être surprenante chez Les Républicains, d’autant plus dans un contexte de campagne présidentielle. Lors de leurs trois débats, le thème de l’immigration a été omniprésent, au point de leur valoir un avertissement du président du parti Christian Jacob. Sur ce point pourtant, les débats tournent en boucle, puisque tous les candidats à l’investiture sont plus ou moins d’accord.
Même son de cloche au RN, où Marine Le Pen a fustigé les “réseaux de passeurs” dont “la traite d’êtres humains entraîne des drames”.
📹 Le laxisme en matière migratoire entraîne des drames, la faiblesse coupable que l'on a à l'égard des réseaux de passeurs qui font de la traite d'êtres humains entraîne des drames. @BFMTV#Calaispic.twitter.com/LSHnfJhvhg
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 24, 2021
“Agir humainement”
En revanche, le ton était tout autre à gauche de l’échiquier politique. Que ce soit chez Fabien Roussel, candidat du PCF à la présidentielle, ou Adrien Quatennens, député Insoumis numéro 2 du parti et comme lui élu du Nord, c’est la dimension inhumaine du traitement des personnes en situation d’immigration qui est soulignée.
“De l’urgence de retrouver la raison et l’humanité dans les débats sur l’immigration. Traiter les causes des déplacements et agir humainement”, a souligné Adrien Quatennens, qui réclame une “une voie de migration légale vers le Royaume-Uni, que les personnes exilées ne soient plus abandonnées aux mains des passeurs.”
“La France n’est plus elle-même quand elle n’agit pas pour la fraternité et des réponses humaines”, a regretté Fabien Roussel.
L'horreur et l'effroi. Combien de temps allons-nous encore accepter que des hommes, des femmes, des enfants meurent sous nos yeux ?
La France n’est plus elle même quand elle n’agit pas pour la fraternité et des réponses humaines.#Calais— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) November 24, 2021
Le bilan se révèle beaucoup plus lourd. 27 morts. Quelle tragédie ! La France doit dénoncer les accords du Touquet. Il faut une voie de migration légale vers le Royaume-Uni, que les personnes exilées ne soient plus abandonnées aux mains des passeurs. Traiter les gens humainement. https://t.co/l5gkSDOC8B
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) November 24, 2021
Sans revenir sur les causes, le candidat EELV Yannick Jadot a lui fait part de “son soutien aux proches des victimes et aux rescapés du naufrage”, saluant aussi l’action des secouristes.
La situation à Calais et dans les villes proches du littoral n’a fait que se dégrader depuis le début de l’année: selon le préfet maritime de la Manche et du Nord, le nombre de tentatives de traversées illégales à bord d’embarcations inappropriées a doublé en trois mois.
Sur place, les associations humanitaires ne cessent d’alerter le gouvernement, et certains n’hésitent pas à se mettre en grève de la faim. Le médiateur envoyé par l’exécutif début novembre a fait chou blanc: sa proposition de mise à l’abri temporaire s’est heurtée à l’opposition de la maire LR de la ville Natacha Bouchart. Face à cet échec, Emmanuel Macron a annoncé dans un entretien à La Voix du Nord que des “solutions nouvelles” seraient annoncées par “plusieurs ministres” dans “les prochaines semaines”. Elles sont plus que jamais attendues, à la lumière du drame le plus meurtrier depuis 2018.
À voir également sur Le HuffPost: Marine Le Pen fait un retour offensif sur l’immigration, voici pourquoi
Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.