« Napoléon » avec Joaquin Phoenix devait être centré sur Joséphine, et il aurait mieux valu

CINÉMA - Génie de la stratégie militaire, politique ambitieux, consul, empereur, frère, fils, époux, père… Napoléon Bonaparte était beaucoup de choses. Trop sans doute pour que cela tienne en 2h39. Pourtant, Ridley Scott s’est lancé ce défi dans son nouveau long-métrage, sorti mercredi 22 novembre, avec à l’affiche, Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby et Tahar Rahim (entre autres).

Présenté comme un biopic épique centré sur la figure historique française, Napoléon vient mettre en lumière de (trop) nombreuses facettes de sa vie, et notamment celle de sa vie amoureuse : ses années de passion avec Joséphine de Beauharnais.

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Le lien qui unit Napoléon Bonaparte à l’ancienne noble devenue veuve est passionnel, comme le montre le film. La relation, d’abord timide, se consolide avec des promesses et un mariage, puis s’étiole, avec des voyages et des tromperies. Elle est passionnée, presque enflammée. Les disputes sont nombreuses et houleuses, au point de se jeter de la nourriture au visage en plein dîner devant leurs convives, et les relations sexuelles animales.

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Mais la complicité est bien réelle et ce malgré les obstacles que la vie vient mettre sur leur chemin, et notamment leur incapacité à concevoir ensemble un héritier. Vanessa Kirby qui a hérité de ce rôle initialement promis à Jodie Comer, est lumineuse. Elle campe à la perfection la personnalité de l’impératrice répudiée, femme de caractère séductrice et courageuse. Elle vient illuminer l’incarnation de Joaquin Phoenix d’un Bonaparte qui semble s’ennuyer ferme tant sur le champ de bataille que dans son palais. Un Napoléon bien loin de celui que les manuels d’histoire des écoliers français ont l’habitude de dépeindre.

Initialement, d’après les premiers éléments qui avaient été révélés à la presse, le film de Ridley Scott devait être vraiment centré sur cette relation amoureuse. Le long métrage devait aborder le destin de l’empereur par ce prisme moins connu. Ce n’est (malheureusement) pas seulement le cas.

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Napoléon étant un grand stratège militaire aux victoires et aux défaites devenues mythiques même outre-Atlantique, Ridley Scott n’a pas pu s’empêcher de faire du Ridley Scott. Les scènes de bataille, au nombre de six dans le film, sont sublimes, car le réalisateur n’a plus à le prouver, il excelle dans ce genre. Notamment celle du siège de Toulon (que les amoureux des chevaux ne vont pas apprécier) et celle d’Austerlitz qui a d’ailleurs pris quelques libertés avec les faits historiques. Mais elles retombent, un peu comme des soufflés.

Napoléon ayant (aussi) chamboulé le paysage politique français post-Révolution Française en devenant premier Consul, puis empereur (entre autres), Ridley Scott a également voulu mettre ces bouleversements en images. Cela passe par de très nombreuses courtes scènes « historiques » visant à apporter un contexte.

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Comme avec un rétroprojecteur qui passerait rapidement d’une année à une autre, d’une scène à une autre, Ridley Scott essaie d’embarquer les spectateurs dans une épopée sur 30 ans, au risque de leur donner le tournis, sans réussir à les scotcher à leur siège. Un voyage dans le temps dans lequel il est de plus compliqué de s’embarquer quand le personnage principal ne semble pas prendre une ride, et à peine quelques kilos.

Film d’amour, long-métrage sur une figure politique, film épique de guerre, Ridley Scott a voulu tout faire en même temps. Mais cette prouesse, même le génie à qui on doit Alien, Blade Runner et Gladiator ne pouvait pas y parvenir. Comme Napoléon à Waterloo, l’ambition était trop grande.

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