Nantes: Rothen ne "comprend" pas la position de Kombouaré sur le ramadan

Nantes: Rothen ne "comprend" pas la position de Kombouaré sur le ramadan

Toujours engagé dans la lutte pour le maintien, Nantes s'est largement incliné contre Reims (0-3) ce dimanche lors de la 29e journée de Ligue 1. Apte à jouer, Jaouen Hadjam ne figurait pourtant pas dans le groupe des Canaris pour cette rencontre. Une absence justifiée par Antoine Kombouaré en raison de son refus de s'alimenter le jour de la rencontre afin de respecter le jeûne du ramadan. Une mise à l'écart, pour ce match, assumée par l'entraîneur mais qui a provoqué l'incompréhension de Jérôme Rothen.

"Je ne comprends pas parce que son discours est très maladroit. Dans le sens où, pour moi, dans le vestiaire j’ai été éduqué comme cela, la religion a toujours fait partie du football comme dans notre société, a réagi notre consultant dans son émission Rothen s'enflamme, ce lundi sur RMC. Quelle que soit la solution, chacun a le droit de faire ce dont il a envie et encore plus en France. Moi, dans le vestiaire, on m’a dit qu’il n’y avait jamais de religion parce que la religion, c’est privé et cela te regarde. Donc tu ne la mets pas au cœur du vestiaire. La seule religion qu’il y a dans un vestiaire c’est le football."

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Rothen: "Kombouaré ne doit pas intervenir là-dedans"

Pour Jérôme Rothen, Antoine Kombouaré n'aurait pas dû se priver de Jaouen Hadjam en raison de son choix de respecter le jeûne du ramadan. "On m’a éduqué et on m’a appris cela. J’ai aussi eu des entraîneurs qui ont fait avec. Chacun, en-dehors et dans sa vie privée, fait ce qu’il a envie de faire. Là, on est dans une période de ramadan donc il y a le jeûne et c’est automatiquement bloqué. Tu ne peux pas t’alimenter correctement, tu ne peux pas boire correctement, il n’y a pas de souci. Mais je pense qu’Antoine Kombouaré ne doit pas intervenir là-dedans. Chacun est libre de faire ce qu’il a envie de faire, le jour du match ou pas le jour du match. La preuve, c’est qu’à Nantes, certains pensent le jour du match que leur organisme ne va pas suivre et pour être performants ils ne le font pas et rattraperont les jours derrière."
Et l'ancien milieu de Monaco et du PSG d'enchaîner: "Jaouen Hadjam a décidé de le faire parce que lui, de toute façon c’est sa foi et c’est comme cela, il faut le respecter. Mais en aucun cas, il ne met sa santé en péril. Quand je dis que c’est maladroit, c’est que, sans parler de religion, tu dis à tes joueurs d’être performants lors des entraînements et tu fais ton équipe pour qu'elle soit performante en compétition. On est jugés toutes les semaines. A partir de là, quand un joueur n’est pas bon pour X raisons, que cela soit des problèmes d’alimentation, de sommeil, d’alcool, des problèmes d’ordre privé… Mais ça, l’entraîneur n’est pas sensé le savoir donc il te fait jouer. Si tu n’es pas bon, le match d’après, il va se demander pourquoi le joueur n’est pas bon. Parce qu’il n’a pas mangé? Parce qu’il ne s’est pas hydraté? Parce que sa femme l’a largué? Parce qu’il a bu de l’alcool la veille du match? Vous voulez que je fasse un dessin pour compter le nombre de joueurs qui sortaient la veille d’un match et qui, eux, étaient performants. On disait même que c’était des surhommes."

Rothen craint de voir les joueurs mentir

Après avoir fait un exemple de Jaouen Hadjam, Antoine Kombouaré a pêut-être aussi indirectement poussé certains joueurs à lui mentir selon Jérôme Rothen. Notre consultant pense que certains pros à Nantes pourraient ne pas dire la vérité à leur entraîneur afin de rester dans le groupe. "A réagir comme il a réagi, il y a plein de joueurs qui vont mentir et qui vont dire qu’ils ne jeûnent pas les jours de match alors qu’ils jeûnent. Mais comment veux-tu savoir si le joueur a mis quelque chose dans sa bouche ou qu’il a bu. Non! Tu dois juger sans parler de religion. Tu dois juger juste sur la compétition s’il est performant ou non. S’il performant, tant mieux."

"Regardez l’exemple de Benzema, il a mis un triplé (lors de Real Madrid-Valladolid, ndlr). Karim est Ballon d’or, c’est un exemple dans le sportif et il jeûne le jour de match. Ancelotti le sort car il a trouvé qu’il était fatigué. Eh bien, il a jugé sa performance sportive. Il n’a pas jugé le fait qu’il avait fait le ramadan le jour de match ou que ce n’était pas possible… Personne et pour n’importe quelle religion. On parle beaucoup du ramadan mais j’ai connu beaucoup de joueurs qui faisaient carême. Est-ce que le carême, c’est problématique? Est-ce que cela a fait des débats, des polémiques? Non! Non parce que l’entraîneur juge au jour J. Je pense que quelqu’un qui fait le ramadan n’est pas là à se plaindre. Au contraire, c’est un rapprochement avec sa religion et sa foi. Cela lui apprend plein de choses, cela lui ouvre plein de choses. [...] Arrêtez les entraîneurs d’être stricts et de mettre un cadre. Cela ne ressemble à rien".

Article original publié sur RMC Sport