Nantes: deux religieuses quittent la ville face au "climat d'insécurité"
Elles quitteront Nantes en juillet. Face au "climat d'insécurité" qu'elles disent ressentir dans leur église et ses alentours, située en plein centre-ville de Nantes, deux religieuses bénédictines ont annoncé dimanche leur départ dans une lettre ouverte, relève La Croix.
Sœur Marie-Anne et Sœur Agathe se sont installées "il y a un peu plus de huit ans" dans la Cité des Ducs. Elles estiment que le quartier de Bouffay, dans lequel se trouve l'église de Sainte-Croix où elles organisent des "concerts familiaux, enseignements, animations de retraite paroissiales, est devenu "navrant".
"Montée de la violence" et cours de self défense
Elles se disent témoins d'une "montée de la violence" et déplorent une multiplication des intrusions. "Nous devons parfois intervenir dans l’église pour des situations de débordement ou de violence", se désolent-elles. En 2017, un homme était notamment rentré dans l'église avec un pistolet pendant une messe et avait menacé le prêtre avant d'être interpellé.
Ces actes sont "le plus souvent le fait de personnes en détresse psychique ou sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool, ou tout cela à la fois", selon les sœurs. Elles estiment que malgré leurs efforts pour mener à bien leur mission dans ces conditions, leur vie quotidienne "est, à la longue, éprouvante". "Le bon Dieu fait des miracles mais on doit aussi prendre en compte nos propres limites", résument-elles.
"Même si nous avons pris quelques leçons de 'self défense'", reconnaissent les sœurs, "nous ne sommes pas des 'franciscains du Bronx'", expliquent-elles en référence à cette communauté religieuse fondée en 1987 dans un quartier new-yorkais réputé dangereux à l'époque.
Sœur Marie-Anne sait que la décision peut être reprise par des forces politiques mais se refuse à donner toute coloration militante à son geste: "C’est surtout une question de société mais je ne veux pas rentrer dans ce genre de débat", explique-t-elle à Ouest France.
Départ pour la Champagne
Les religieuses disent partir "le cœur lourd" après des années de service durant lesquelles elles ont tissé des liens dans le quartier, mais se disent "en paix" avec leur décision de quitter la ville. Leur départ sera donc effectif en juillet.
Elles expliquent qu'elles rejoindront d'abord leur "lieu source" le monastère bénédictin de Saint-Thierry, à quelques kilomètres de Reims. Elles se laissent une année pour préparer leur implantation au sein de la capitale champenoise. Malgré leur expérience, elles disent ne pas avoir une croix sur Nantes: " Nous reviendrons donc bien volontiers (...) si on nous y invite".