Yahoo Actualités Inoubliable - Nâdiya : "Du jour au lendemain, je ne pouvais plus prendre le métro, ça a été complexe"
Elle fait partie de ces artistes qui ont marqué les Français avec de nombreux tubes dans les années 2000. Pendant longtemps, Nâdiya a électrisé les foules des quatre coins de l’Hexagone grâce à son énergie folle, ses danses endiablées et ses chansons à succès. Et puis un jour, plus rien. La chanteuse a préféré prendre du recul, avant de se relancer de plus belle. À la fin de l’année 2022, Nâdiya signe son retour avec une reprise particulièrement engagée de son tube "Rock", en duo avec la chanteuse iranienne Baran. Pour la rubrique "Inoubliable" de Yahoo, l’artiste de 49 ans revient sur sa carrière.
"Et c’est parti", "Amies ennemies", "Parle-moi"... Pour beaucoup, la simple lecture de ces mots feront aussitôt écho à des notes de musique made in années 2000, à l’époque des débuts de Shy’m, M Pokora ou encore Jenifer. À l’époque d’une industrie musicale florissante dans l’Hexagone, qui mettait en avant de jeunes artistes, souvent propulsés en un rien de temps grâce à un seul tube. Nâdiya a fait partie de ceux-là. Au début des années 2000, l’ancienne athlète de haut niveau connait un immense succès avec plus de 5 millions d’albums vendus et une Victoire de la musique en 2005. À cela s’ajoutent des duos avec des artistes internationaux, comme Enrique Iglesias sur le tube "Tired of being sorry", resté numéro 1 des ventes pendant 13 semaines. Alors qu’elle signe son grand retour sur la scène musicale, Nâdiya est revenue sur son parcours pour Yahoo.
Des débuts difficiles à gérer
Pour elle, comme pour beaucoup d’artistes, tout a commencé sur le petit écran. Nous sommes en 1996, et à cette époque, la "Star Academy" et "The Voice" n’existent même pas encore. Nadia Zighem, de son vrai nom, a 23 ans, et a déjà quitté sa ville natale, Tours, pour tenter le grand rêve à Paris. Elle participe ainsi à l’émission culte de M6 présentée par Laurent Boyer, "Graines de star". L’émission est un véritable tremplin et permettra, tout au long de ses années de diffusion à la télé, de mettre en lumière le talent de Jenifer, Grégory Lemarchal ou encore Alizée. Pour Nâdiya aussi, c’est le succès : elle remporte la compétition trois fois de suite et se hisse dans le coeur du public français. En un rien de temps, la jeune femme acquière une tout nouvelle notoriété.
"Une fois, dans le train, j’étais tombée sur des profs qui me disaient ‘J’ai voté pour vous !!’ Et c’était… limite, trop" se souvient-elle aujourd’hui, encore marquée par cet intérêt soudain du public. Mais à cette époque, nous sommes encore loin des monstres télévisuels que représenteront plus tard d’autres télé-crochets. Et Nâdiya en a bien conscience : "Ce que j’ai vécu avec Graines de star, c’était quelque chose de très spontané. Il n’y avait pas tout un contexte de com’ autour. On vivait le concert, et en même temps, c’était une émission de télé pour les gens chez eux" estime-t-elle aujourd’hui, concédant "l’engouement particulier et fort" que générait l’émission : "Du jour au lendemain, je ne pouvais plus prendre le métro. Ça, ça a été complexe. Parce qu’il y avait les journaux, les relais journaux, la presse... votre tête était vue par des millions de téléspectateurs."
Une situation d’autant plus difficile à gérer que Nâdiya n’était, au départ, pas à l’aise avec cette idée de médiatisation : "À l’époque, on m’avait un peu poussée. Ce n’était pas de cette manière-là que je voulais me faire connaitre. Je disais toujours à mon entourage, ‘Je ne veux pas être connue, je veux être reconnue pour quelque chose que je vais délivrer aux gens.’" Du haut de ses 49 ans, Nâdiya est aujourd’hui consciente des changements socio-culturels qui ont transformé l’expérience médiatique des candidats de télé-crochets. À commencer par la violence d’Internet. "Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, je ne crois pas que j’aurais pu participer à Graines de star. Ce n’est pas la bonne époque pour moi."
Nâdiya : "Après Graines de star, je ne pouvais plus prendre le métro"
À la suite de cette expérience dans "Graines de star", Nâdiya a sorti un single baptisé "Dénoue mes mains", en 1997. Mais elle préfère revenir un temps dans l’ombre, avant de sortir en 2001 un album, "Changer les choses". C’est le début de la gloire avec des tubes entêtants et des concerts dans toute la France. Et après une longue pause, Nâdiya revient en 2022 avec un projet qui lui tient particulièrement à coeur : la réédition de son titre "Roc" avec la chanteuse kurde Baran, icône de la musique perse. C’est elle qui, touchée et préoccupée par le sort des Iraniennes, en pleine révolte populaire contre un régime dictatorial et misogyne, a proposé ce projet à Nâdiya. Pour chanter la combativité, louer le courage de femmes qui se dressent contre le pouvoir. "Comme un roc", comme les Iraniennes. Une véritable ode à la vie qui signe un retour engagé pour Nâdiya.
"Le thème des femmes, c’est déjà des prémisses de ce que je veux mettre en avant dans mes prochaines chansons" annonce-t-elle. D’origine algérienne, la chanteuse trouve dans cette révolte en Iran un écho dans sa propre histoire : "Ce sont nos origines orientales qui font qu’il y a une résonance en moi. Parce que la culture orientale, je la connais." Et si Nâdiya dit ne jamais avoir souffert de racisme dans sa vie professionnelle, ce ne fut malheureusement pas le cas dans sa vie privée.
Pour Yahoo, la chanteuse est revenue sur une expérience particulièrement difficile à vivre, humiliante et raciste. "Je devais louer un appartement, et j’étais beaucoup vue en télé à ce moment-là. Il n’y avait aucun problème. Et quand la personne a vu mon entourage maghrébin qui venait m’aider à déménager, elle a tout de suite rompu le contrat. Elle avait accepté parce qu’elle me voyait à la télé, parce que j’étais connue, parce que je délivrais des chansons, et parce que ça marchait. Mais sur le terrain, quand cette personne a vu mon entourage, elle a fait marche arrière, en 48h." Aujourd’hui, ce sont ses origines et son parcours de vie qui inspirent Nâdiya.
Interview : Carmen Barba
Article : Sarah Mannaa
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