Nîmes: un an après la mort du petit Fayed, un bureau de police ouvre à Pissevin

Le nouveau bureau, qui accueille des policiers municipaux et nationaux, a ouvert ce mardi 20 août au matin. Les réactions des habitants sont mitigées.

C’était il y a un an. Le lundi 28 août 2023, Fayed, un petit garçon de 10 ans, est mort tué par balle dans une fusillade en lien avec le trafic de stupéfiants à Nîmes. Un drame tragique qui hante aujourd’hui encore les habitants du quartier de Pissevin alors qu’a ouvert ce mardi 20 août un nouveau bureau de police.

Le bâtiment, équipé de sas de sécurité et de portes blindées, a ouvert dans une ancienne banque, entre un tabac et un marchand de fruits. Il s’agit d’un bureau partagé dans lequel les policiers nationaux et municipaux vont cohabiter. Les premiers y ont déjà pris leur quartier. Les seconds doivent les rejoindre dans les prochains jours.

Dans le quartier, cette installation, réclamée par le maire de Nîmes et le ministre de l’Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, est plus ou moins bien accueillie.

"Je suis content qu’on ait ouvert un commissariat parce qu’il y a trop de drogues", rapporte un habitant à BFMTV.

"Je ne pense pas que ça change quoi que ce soit", estime une autre. "Ce ne sont pas quatre policiers qui vont faire quelque chose pour 15.000 habitants", pense-t-elle. Le président du comité de quartier de Pissevin, Alain Lorgeas, partage cet avis. "Je ne pense pas que ce soit la solution. La solution, c’est la police de proximité, c’est-à-dire sur la voie publique", pense-t-il. "Ils arrivent à parler avec des gens, c’est là qu’ils ont des renseignements. On a eu l’expérience de Valdegour où il y a eu un commissariat qui a été et qui n’a pas servi à grand chose (...) ils l’ont fermé."

"C’est un poste de police qui a été déplacé d’un quartier vers un autre quartier", analyse un syndicaliste policier pour BFMTV. "Et ce seront des fonctionnaires qui sont surtout là pour accueillir la population et prendre les plaintes. Ça serait encore mieux si on avait des effectifs supplémentaires afin de lutter contre le trafic de stupéfiants et des enquêteurs pour mener à bien des procédures."

L’an dernier, le jeune Fayed est mort alors qu’il se trouvait dans la voiture de son oncle visée par des tirs au cours d’une fusillade en lien avec le trafic de produits stupéfiants. À seulement dix ans, il a été la victime collatérale d’un règlement de compte. Une mort tragique qui a plongé un quartier, une ville, un pays dans un profond émoi. En tout, neuf personnes ont été mises en examen pour "assassinat en bande organisée" après les faits.

Alors, l’ouverture d’un nouveau commissariat dans ce quartier endeuillé n’est pas anodine, pense Salim El Jihad, président de l’association nîmoise "Ensemble". "Sur la symbolique, c’est important de montrer qu’il y a une réponse de la préfecture, de l’État, et même de la municipalité pour rassurer les familles, mais néanmoins, on se rend compte qu’il y a toujours des habitants qui ont du mal à croire que ça va faire bouger les choses", estime-t-il.

"Je pense qu’aujourd’hui, les gens sont encore marqués et traumatisés par ce qu’il s’est passé dans les quartiers. On espère que ça pourra rassurer les habitants", poursuit le président de l'association, appuyant sur la nécessité pour les policiers de créer du lien avec les locaux.

"C’est ce dont ils ont besoin. Ils sont victimes d’une minorité qui les terrorise en dépit des nombreux mois et ils ont besoin d’être rassurés, d’avoir de l’espoir et d’être tranquillisés", affirme-t-il.

"Il y a deux jours, un jeune de 31 ans est mort lors d’une rixe à l’arme à feu, ça prouve encore qu’il y a ce poids qui pèse pour les habitants des quartiers prioritaires à Nîmes, et c’est invivable. Ils nous disent aujourd’hui qu’ils ne savent plus quoi faire, qu’ils ont peur.”

Article original publié sur BFMTV.com