«Mutafukaz», gangs et manga

Faisant suite à un court métrage et une BD à succès, le film d’animation franco-japonais joue sur un comique potache truffé de références.

Mutafukaz est un monstre de son temps. Une création à la morphologie parfaitement représentative d’une génération nourrie de comics autant que de mangas, pour qui le concept de frontières graphiques n’a aucun sens. Apparu en 2000 sous la forme d’un court métrage bricolé en 3D par Guillaume Renard (sous le pseudo Run), Mutafukaz explose en 2006 sous la forme d’une BD surchargée de références, capable de citer dans le même souffle le shonen d’action, le décorum kitschouille de la lucha libre, l’esthétique grindhouse et le cinéma de John Singleton (Boyz N the Hood). Une série de sales gosses dont le carton en librairies ne se dément pas au bout de dix ans et assure la pérennité d’un collectif d’auteurs réunis sous le sympathique Label 619.

Au point que l’éditeur Ankama (start-up mutante entre jeu vidéo, BD et dessin animé, installée à Roubaix) mise sur un retour à l’animation. Le scénario, à l’avenant de ce melting-pot bis, force un livreur de pizza hydrocéphale un brin loser à remonter la chaîne alimentaire d’un Los Angeles de pacotille où les émeutes de 1992 auraient dévoré la ville. S’enchaînent ainsi guerre des gangs, hommes en noir et conspiration écolo-extraterrestre. Pour cette conversion en long métrage, les Nordistes se sont associés au Studio 4°C, gros acteur de l’animation nippone et assurance d’un savoir-faire dans la conversion de BD en films (Mind Games, Amer Béton). D’où la doublette de primo-réalisateurs, Renard en garant de l’esprit et Nishimi en charge de la technique. Les Français s’entourent de guests parfaitement dans le délire comico-outrancier, en confiant le doublage des personnages principaux à Orelsan et Gringe, et la BO à Toxic Avenger. Assumant sa nature bis, le film déborde généreusement de gueules, de courses poursuites et de petites phrases définitives. Esthétiquement, il semble même surpasser la bande (...)

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