Pour les municipales à Paris, la guerre entre les socialistes et les insoumis est déjà lancée

À Paris, la guerre entre socialistes et insoumis pour les municipales est déjà lancée (photo d’illustration de l’Hôtel de Ville).
Google maps À Paris, la guerre entre socialistes et insoumis pour les municipales est déjà lancée (photo d’illustration de l’Hôtel de Ville).

POLITIQUE - Avant 2027 et la présidentielle (si elle n’a pas lieu plus tôt comme en rêvent certains), il y aura 2026 et les municipales, notamment à Paris. Point commun entre les deux ? La gauche semble bien incapable pour l’instant de parler d’une seule voix. Et dans la course pour l’Hôtel de Ville, les passes d’armes ont déjà commencé entre les socialistes et la France insoumise.

Municipales à Paris : qui sont les principaux candidats prêts à succéder à Anne Hidalgo ?

Au sein du PS, au moins deux candidats sont alignés : Emmanuel Grégoire, ex-premier adjoint de la ville devenu député et Rémi Féraud, sénateur de Paris adoubé par Anne Hidalgo. Un vote des militants socialistes se tiendra pour les départager, à moins d’un désistement d’ici là. Mais les deux sont d’accord sur une chose : qu’importe le vainqueur du duel, aucune alliance ne sera faite avec la France insoumise. En témoigne l’échange musclé qui a opposé vendredi 29 novembre Jean-Luc Mélenchon et ses troupes au socialiste Rémi Féraud.

« Les Insoumis de Paris n’oublieront pas vos insultes »

À l’origine, une interview accordée au Figaro où le sénateur ferme catégoriquement la porte à une alliance avec la France insoumise au second tour. S’il juge « logique » une union entre socialistes, écologistes et communistes, comme ce fut le cas sous le dernier mandat d’Anne Hidalgo, « il n’y a pas de complaisance possible avec l’antisémitisme, pas d’indulgence possible avec l’apologie du terrorisme islamiste. Au premier comme au deuxième tour », cingle-t-il en reprenant le procès en antisémitisme qui poursuit le mouvement de gauche radicale. Avant d’ajouter : « Je garderai toujours dans mon esprit les corps des morts du 13 novembre 2015, devant le Carillon et le Petit Cambodge. C’est aussi ça mon histoire. »

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Fureur chez les concernés. « Vos propos nous assimilant à ces attentats sont infâmes. Nous vous contraindrons à les retirer », s’étrangle la députée LFI de Paris Sarah Legrain. « Mais le mal est fait, et les Insoumis de Paris n’oublieront pas vos insultes », ajoute-t-elle. De quoi enterrer, avant même sa naissance, tout projet d’union et ce, que la configuration soit favorable ou pas à la gauche ? Oui, confirme en substance Jean-Luc Mélenchon qui enfonce le clou sur X. « Il y aura une liste portée par les Insoumis, ouverte, sans sectarisme, sans insultes, sans arrogance, et avec un budget tenu sans impôts locaux supplémentaires », écrit le chef de file insoumis.

Aucune entente n’est à attendre non plus du côté d’Emmanuel Grégoire, le deuxième candidat socialiste. Lors du lancement de sa campagne le 26 novembre, le député de la ville a aussi « exclu d’office » la France insoumise, évoquant aussi bien « un conflit de valeurs », notamment en lien avec les déclarations des insoumis après le 7 octobre 2023, que le fait que « depuis 10 ans ils sont dans l’opposition municipale ». « Je ne construis pas un chemin avec l’opposition municipale », a-t-il tranché au micro de BFMTV.

À Paris, l’union obligatoire pour conserver la mairie ?

À ce jour, aucune personnalité LFI ne s’est manifestée pour briguer l’Hôtel de Ville. Au-delà du PS, les candidats déclarés ou intéressés ne manquent pas : le sénateur communiste Ian Brossat a dit son intention de s’« engager dans la bataille » ; chez les écologistes, le nom de David Belliard circule, mais les militants ont exprimé leur souhait d’une union dès le premier tour.

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Il faut dire que dans la capitale, l’alliance a porté ses fruits, en tout cas aux législatives. Alors qu’en 2017, les partis de gauche divisés n’avaient obtenu que deux des 18 sièges en jeu pour Paris, les scores ont sensiblement progressé avec l’union des gauches : 9 sièges obtenus en 2022 sous la bannière NUPES puis 12 en 2024 sous celle du NFP. De quoi encourager les partis à l’union ? Alors que les municipales se préparent de plus en plus activement, le député écologiste Benjamin Lucas estime que dans « les territoires dominés par la droite (...) l’union n’est pas un sujet de dissertation mais de survie ». Avant d’ajouter, à propos de la capitale tenue depuis 25 ans par la gauche : « À Paris on peut sans doute jouer au jeu des gauches irréconciliables, quoique… ». Comme une mise en garde.

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