Municipales à Marseille: un "3e tour" à suspense pour élire le successeur de Jean-Claude Gaudin

La candidate à la mairie de Marseille Michèle Rubirola, à la tête d'une coalition de gauche, à al sortie d'un bureau de vote, le 28 juin 2020  - Christophe SIMON © 2019 AFP
La candidate à la mairie de Marseille Michèle Rubirola, à la tête d'une coalition de gauche, à al sortie d'un bureau de vote, le 28 juin 2020 - Christophe SIMON © 2019 AFP

Après une semaine folle à Marseille, le conseil municipal se réunit ce samedi matin pour élire un nouveau maire. Dans le rôle-clé, la sénatrice Samia Ghali pourrait tout bousculer après l'échec de ses négociations avec l'union de la gauche arrivée en tête lors du vote populaire.

La sénatrice ex-PS, réélue dimanche soir dans son fief des quartiers Nord de la ville, exigeait le poste de première adjointe pour prix de son soutien au Printemps marseillais, une demande sèchement refusée par la cheffe de file de l'union de la gauche et des écologistes Michèle Rubirola.

Depuis, le torchon brûle entre les deux camps, et Samia Ghali, après avoir dans la nuit revendiqué sa liberté de vote, a fustigé samedi matin les "oukases" de Michèle Rubirola et de Benoît Payan, son porte-parole, lui aussi élu dimanche soir dans un secteur du centre-ville: "Maintenant ça suffit tous ces gens qui veulent les voix des quartiers Nord et populaires mais qui ne veulent jamais qu'ils soient représentés à leur juste place. (...) Plus personne ne décidera à notre place".

Samia Ghali en arbitre

Forte de ses 9 sièges au conseil - 8 élus sur ses listes et celui de Lisette Narducci, ex-élue PS, ex-soutien de Jean-Claude Gaudin, élue cette année sur les listes du dissident LR Bruno Gilles avant de rallier Samia Ghali -, la sénatrice peut faire basculer le scrutin.

Car malgré ses 38,3% des suffrages au second tour dimanche, loin devant les listes LR (30,8%), Michèle Rubirola, 63 ans, médecin dans des quartiers populaires et écologiste de la première heure, est loin d'être assurée d'être la première femme à la tête de la deuxième ville de France.

Loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) oblige, l'élection se fait par secteurs. Et aucune majorité absolue n'est sortie des urnes: 42 élus pour le Printemps marseillais, 41 à droite en comptant les 2 sièges restant à Bruno Gilles. Loin, donc, des 51 voix nécessaires, sur 101, pour conquérir l'hôtel de ville et sa vue imprenable sur le Vieux Port et la "Bonne Mère".

Tous les regards se tournent donc vers les neuf élus du Rassemblement national, autour de leur leader Stéphane Ravier, et, surtout, les neuf rassemblés autour de Samia Ghali.

Et l'échec apparent des négociations du Printemps marseillais avec Samia Ghali semblait samedi matin barrer la route définitivement à Michèle Rubirola.

Prime au doyen

Pour les Républicains, cet énième rebondissement ne peut être qu'une excellente nouvelle. Car eux aussi sont loin de la majorité absolue et pour devancer le Printemps marseillais, il leur faudra aller chercher des voix chez Samia Ghali, ou au Rassemblement national.

Mais avec quel candidat? Alignée depuis 25 ans derrière Jean-Claude Gaudin, la droite marseillaise, déjà plombée par l'ouverture d'une enquête sur de possibles fraudes aux procurations dans son camp, avait elle aussi explosé jeudi.

Battue dans les 6e et 8e arrondissements, réputés imperdables pour la droite, Martine Vassal, dauphine désignée de Jean-Claude Gaudin, a abdiqué. Place à Guy Teissier, 75 ans, vieux routier issu de la droite dure.

Avantage supplémentaire pour le député LR: prime au doyen oblige, c'est lui qui l'emporterait au troisième tour, disputé à la majorité relative, si deux candidats étaient à égalité...

Mais le coup tactique de la présidente LR de la métropole et du département a fait long feu. Suppléant de Guy Teissier à l'Assemblée nationale et maire des 9e et 10e arrondissements, Lionel Royer-Perreaut, 47 ans, a aussi annoncé sa candidature pour la mairie centrale, refusant de "s'inscrire dans une stratégie d'alliance" avec le Rassemblement national - une éventualité pourtant officiellement écartée par les leaders de LR.

Deux candidats LR annoncés donc sur la ligne de départ. Une candidate pour la gauche, Michèle Rubirola. Un pour le RN: Stéphane Ravier, le sénateur battu dimanche dernier dans le secteur qu'il avait emporté en 2014.

La séance débutera à 9h30, sous le regard des Marseillais: quelque 200 manifestants, en majorité des soutiens du Printemps marseillais, étaient rassemblés samedi matin avant le début conseil devant l'hôtel de ville. Sur leurs pancartes, "Michèle maire sont des mots qui vont très bien ensemble", "Ne nous laissons pas voler la victoire" ou "On veut des écoles rénovées, pas des fachos réchauffés".

Article original publié sur BFMTV.com