MSF évacue six hôpitaux au Yémen après des bombardements

DUBAI (Reuters) - Médecins sans Frontières (MSF) s'est dit vendredi contrainte d'évacuer ses membres de six hôpitaux du nord du Yémen après le bombardement lundi d'un de ses établissements situé dans la province de Hajjah, dans le nord-ouest du pays, qui a coûté la vie à 19 personnes et en a blessé 24 autres. La coalition mise en oeuvre par l'Arabie saoudite pour combattre les miliciens chiites Houthis a regretté cette décision et a appelé à la tenue de réunions d'urgence avec l'ONG humanitaire pour trouver le moyen de résoudre le problème. Dans un communiqué diffusé par l'agence officielle de presse saoudienne SPA, elle réaffirme le nécessaire respect du droit humanitaire international et annonce qu'une équipe indépendante a été constituée pour enquêter sur les décès de civils. MSF est l'une des rares ONG humanitaires internationales encore présentes au Yémen, où seize mois de combat entre les miliciens chiites alliés à l'Iran et la coalition soutenant le président en exil Abd-Rabbou Mansour Hadi ont fait plus de 6.500 morts et conduit le pays au bord de la famine. Des dizaines de bombardements ont touché des civils depuis le déclenchement, en mars 2015, des opérations militaires de la coalition réunie par Ryad. Dans son communiqué, MSF annonce avoir "décidé d'évacuer son personnel des hôpitaux auxquels elle apporte un soutien dans les gouvernorats de Saada et Hajjah dans le nord du Yémen, précisément des hôpitaux de Haydan, Razeh, Al Gamouri et Yasnim (gouvernorat de Saada) et des hôpitaux de Abs et Al Gamouri (gouvernorat de Hajjah)". L'organisation humanitaire déplore que "les bombardements aériens ont continué alors que MSF avait systématiquement communiqué aux parties au conflit les coordonnées GPS des hôpitaux où ses équipes travaillent". "Puisqu'il n'est plus possible de faire confiance dans la capacité de la coalition à éviter des attaques meurtrières, MSF estime que les hôpitaux situés dans les gouvernorats de Saada et Hajjah n'offrent aucune sécurité aux patients et au personnel." Outre la frappe aérienne de la coalition saoudienne menée lundi sur un hôpital d'Abs, "d'innombrables attaques ont été perpétrées sur d'autres structures et services de soins", poursuit l'ONG. Une autre attaque aérienne a touché samedi ce que MSF a décrit comme étant une école dans la province voisine de Saada, tuant dix enfants. (Omar Fahmy, avec Mohammed Ghobari, Julie Carriat et Henri-Pierre André pour le service français)