"Mouth taping" : pourquoi cette nouvelle mode avant de dormir est dangereuse pour votre santé
Cette pratique, promue par des sportifs et devenue virale sur Tik Tok, est largement décriée par les professionnels de santé.
Se scotcher la bouche avant de dormir pour ne respirer que par le nez : cette technique du "mouth taping" fleurit partout sur les réseaux, et notamment Tik Tok, où elle génère des millions de vues. Elle est promue par des sportifs comme le footballeur de Manchester City Erling Haaland et le canoéiste médaillé d'argent aux JO de Paris Adam Burgess.
Erling Haaland en parle notamment dans le podcast Impaulsive du youtubeur Logan Paul, où il met en avant cette pratique censée améliorer le sommeil, donner plus d'énergie et empêcher les ronflements.
Un remède miracle alors ?
Pas selon les médecins, qui soulignent l'absence de fondements scientifiques de cette pratique. "Coller un sparadrap sur sa bouche est contre-intuitif : si on obstrue les entrées aériennes, on rend au contraire plus difficile l’oxygénation du cerveau", explique à Libération Armelle Rancillac, chercheuse en neurosciences à l’Inserm.
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De plus, le système respiratoire pendant notre sommeil régule les entrées d'oxygène : en d'autres termes, pas besoin de se scotcher la bouche puisque notre cerveau lui envoie déjà l'information de se fermer d'elle-même. Et la possibilité d'ouvrir la bouche pendant le sommeil est au contraire une sécurité en cas d'incapacité à respirer par les voies nasales.
Le plus important serait donc d'aller directement voir un médecin en cas de troubles ou d'apnée du sommeil, et pas d'essayer de réguler cette condition avec un morceau de sparadrap.
Pour les sportifs, pas le grand public ?
Mais pour quoi les sportifs en font la promotion si cette pratique est dangereuse ? Dans le cas d'Haaland, comme dans celui de la tenniswoman Iga Swiatek - qui était venue à l'entraînement avec la bouche scotchée - la situation est un peu différente de par leur condition de sportifs de haut niveau.
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Ils sont en effet entourés d'équipes très professionnelles qui contrôlent leurs statistiques et conditions de santé quotidiennement. "Ce n’est pas à mettre entre toutes les mains", complète Jean-Bernard Fabre, docteur en sciences du sport et spécialisé en physiologie et biomécanique, interrogé par Le Parisien.
"Il y a un risque de réaliser des insomnies sans s’en rendre compte, voire dans le pire des cas, de s’étouffer. Ce qui est dangereux, c’est que ça touche le grand public qui n’a pas le suivi d’un sportif de haut niveau. Beaucoup de personnes souffrent d’apnée du sommeil et ne s’en rendent pas compte et c’est probablement à risque pour ces gens-là".