Motion de censure : Le Pen et le RN vont voter le texte de la NUPES, au prix de contradictions

Cette phrase dans la motion de censure de la Nupes montre les contradictions du RN à l’Assemblée
ALAIN JOCARD / AFP Cette phrase dans la motion de censure de la Nupes montre les contradictions du RN à l’Assemblée

POLITIQUE - Censure, ni cohérence ? Le Rassemblement national va joindre ses voix à celles de la gauche, dans la nuit du vendredi au samedi 30 septembre à l’Assemblée nationale, pour essayer de faire tomber le gouvernement à travers une motion de censure défendue par la NUPES. Au prix de certains accommodements sur le fond.

C’est le député socialiste Philippe Brun qui devrait monter à la tribune, vendredi dans la soirée pour défendre le texte déposé, la veille, par l’alliance des partis de gauche au Palais Bourbon en réaction à la décision du gouvernement d’activer le 49.3 sur son projet de trajectoire budgétaire (LPFP). À ne pas confondre avec les traditionnels budgets de l’État et de la sécurité sociale, en débat à l’Assemblée dans les prochaines semaines.

Dans leur motion, le PS, LFI, EELV et le PCF dénoncent, entre autres, « la cure d’austérité voulue par le gouvernement, qui cible d’abord les plus précaires » et épargne « les grands groupes et les plus aisés. » Ils regrettent également que « la mise en œuvre de la transition écologique manque structurellement de moyens ». Un point manifestement contradictoire avec les idées du Rassemblement national et leurs prises de position récentes.

Quand le RN relativise sur l’écologie

Marine Le Pen et ses troupes vont effectivement voter cette motion après avoir pourfendu en long et en large la planification écologique détaillée par le président Emmanuel Macron en début de semaine. « Plutôt que la planification, ce que j’aimerais c’est l’urgence sociale », fustigeait par exemple le député de l’Yonne Julien Odoul, mardi, sur franceinfo, tout en expliquant que « ce n’est pas vers la France qu’il faut se tourner pour réclamer des baisses d’émissions de gaz à effet de serre », par ce que « la France est un des pays les plus vertueux en matière d’émission, on représente à peine 0,9 % à l’échelle mondiale. »

Un argumentaire courant chez ceux qui tendent à relativiser les efforts nécessaires face aux bouleversements climatiques, mais qui cache plusieurs aspects. Le mauvais classement de la France et des pays les plus riches en termes d’émissions par habitant par exemple (6,5 tonnes par an pour un Français quand la moyenne mondiale est à 5).

Qu’à cela ne tienne. Le scepticisme de Julien Odoul ne devrait pas l’empêcher de voter le texte de la gauche qui déplore un manque de moyens dédiés à l’écologie. Même chose, sans doute, pour son collègue RN Thomas Ménagé, critique, en pleine canicule aoûtienne, des « exagérations » du Giec, le groupe international d’experts sur le climat de l’Onu.

Le RN « se réserve » pour le vrai budget

Un souci de cohérence au Rassemblement national à voter avec la NUPES ? Sébastien Chenu a tenté une explication ce vendredi matin, lui aussi sur franceinfo, en arguant que de toute façon « cette motion n’a aucune chance de passer, puisque Les Républicains sauvent la tête d’Emmanuel Macron. » Le parti d’Éric Ciotti n’a effectivement pas prévu de voter le texte de la NUPES, ce qui réduit à zéro ou presque ses chances d’être adopté.

« On se réserve sur le budget en lui-même où on déposera nous aussi des motions », a ensuite expliqué le porte-parole du RN (au tout début de la séquence ci-dessus), alors que les journalistes s’interrogeaient sur la « logique » de son parti dans cette affaire. Il faut dire qu’avant d’annoncer leur intention de voter la censure proposée par la NUPES, la première de cette nouvelle saison parlementaire, le parti d’extrême droite s’est tout d’abord montré conciliant avec le gouvernement sur son texte de trajectoire budgétaire.

Les macronistes ont pu compter sur leur abstention pour passer une première étape en commission. Selon Sébastien Chenu, le Rassemblement national a même proposé au gouvernement de s’abstenir en séance en échange d’un geste sur le gazole non routier, geste qui n’est finalement pas venu. Le signe, là aussi, d’un certain décalage entre l’ambition écologique du RN et celle portée par le texte de la NUPES que son groupe à l’Assemblée s’apprête à voter.

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