Motion de censure : pour La France insoumise, le PS n’est déjà plus membre du Nouveau Front populaire
Jean-Luc Mélenchon accuse les socialistes de « fracturer » le Nouveau Front populaire et de « capituler » face au gouvernement en refusant de voter la censure.
POLITIQUE - La journée, initialement tournée contre le gouvernement, s’est muée en bataille intestine à gauche. Alors que les députés examinaient ce jeudi 16 janvier la motion de censure déposée par La France insoumise – finalement écartée en fin d’après-midi –, le refus du Parti socialiste de s’y associer (contrairement aux communistes et aux écologistes) a jeté un froid au sein du NFP et provoqué de vives tensions. Pour les insoumis, il est acté que les socialistes ne peuvent plus faire partie de l’alliance.
« Il est clair qu’il y a eu une rupture de la part du Parti socialiste », a tonné le député LFI Éric Coquerel au micro de BFMTV. Faisant part de son « incompréhension » et de son « amertume », le président de la commission des Finances a expliqué qu’il ne « s’attendait pas à ça ». Clémence Guetté a enfoncé le clou : « De fait, le PS entre dans la coalition macroniste en sauvant le gouvernement Bayrou. » « Aujourd’hui, le NFP uni, ce sont les insoumis, les écologistes et les communistes », poursuit Aurélien Le Coq.
« Aujourd’hui, le PS a choisi de se ranger du côté du problème, c’est-à-dire d’Emmanuel Macron », a fustigé la présidente du groupe à l’Assemblée Mathilde Panot à l’issue du vote. Chez Jean-Luc Mélenchon, les mots sont plus pesés. Le fondateur de La France insoumise et triple candidat à l’élection présidentielle ne parle pas de rupture, ni de fin programmée de la coalition. « Le PS fracture le NFP, mais il capitule seul. Les trois autres groupes votent la censure. Nous continuons le combat », insiste-t-il. Manière de rejeter la faute sur les socialistes, en se targuant de rester fidèle aux aspirations du NFP.
« L’héritage de François Hollande »
Dans l’entourage de Jean-Luc Mélenchon, on n’hésite pas à renvoyer les socialistes à leur passé récent. « En refusant de voter la censure, ils choisissent l’héritage de François Hollande plutôt que celui du Front Populaire de Léon Blum, fustige Aurélien Taché. Cette gauche-là a renoncé à toute conquête sociale ». « Une capitulation terrible qui ramène les socialistes à l’ère Hollande », assène aussi Bastien Lachaud.
Le PS, qui se félicitait de ne plus être sifflé en manifestation et de s’être réancré à gauche, va-t-il pâtir de sa volonté de s’isoler du NFP ? « La position des parlementaires socialistes va nourrir une profonde frustration et ne débouchera que sur une colère froide. Quelle folie », enrage le député LFI Béranger Cernon. « Contrairement à Olivier Faure et au PS, nous ne renierons jamais nos engagements », appuie Bastien Lachaud.
« Désaccord important »
Les insoumis ne sont pas les seuls à regretter l’attitude du groupe présidé par Boris Vallaud. L’ancienne ministre de François Hollande Dominique Bertinotti (ex-PS) interroge : « Quelqu’un peut-il m’expliquer ce que, ce soir, le PS a encore de socialiste ? » Le député Génération·s Benjamin Lucas-Lundy, lui aussi remonté contre la volonté du PS de ne pas censurer, reconnaît « un désaccord important au sein du NFP » : « Nous considérons que la politique menée par Bayrou est nocive pour les Français. » Sous-entendu : à l’inverse des socialistes.
Les députés PS auront une chance de se rattraper : au moment du budget, si le Premier ministre recourt au 49.3, une motion de censure devrait être déposée. Et alors, ils pourront exprimer leur rejet de la politique de François Bayrou. À moins que, pour le NFP, il ne soit trop tard.
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